Cinq ans après l'insurrection de 300 quartiers : Jusqu’ici tout va mal

Le 10-01-2011
Par xadmin

Banlieues, cinq ans après l’insurrection... et combien avant l’implosion ?

« Je n’ai jamais cru au Plan Marshall pour les banlieues » confie Maurice Leroy, nouveau Ministre de la ville. Qu’il se rassure : les banlieues elles non plus n’y croyaient plus depuis longtemps. Mais un renoncement sans alternative est-il plus mobilisateur qu’un mirage qui s’évanouit ? Car si le Plan Banlieue a bel et bien fait « psschit », la « Dynamique » du même nom s’est embourbée dans les méandres administratifs et les marécages d’une machinerie gouvernementale dirigée par François Fillon, ce « bourgeois de la Sarthe » comme le présente Fadela Amara. Les banlieues elles-mêmes ne pouvant faire « psschit », ne risquent-elles pas plutôt de faire « crac-boum-hue » ? Le risque semble calculé, en haut lieu.

Si on ne vote pas dans les quartiers, aucun homme politique n’a rien à y gagner à court terme. Par contre, il peut gagner des voix en donnant de la voix contre les banlieues. Ce sympathique projet pointe en effet à l’horizon, quand on résume la situation : l’ANRU était un riche projet d’unification des politiques de la ville, mais il claudiquait sur une seule jambe, celle de la reconstruction et de la rénovation du bâti (qui a toujours engraissé bétonneurs et autres consultants en urbanisme). Comme en 60 : tout pour le béton, rien -ou presque- pour l’humain qui l’habite. Ce dernier pouvait certes néanmoins se consoler sur les chaînes de montage des usines. Las ! Celles-ci ont disparu. L’ACSé, pendant social de l’ANRU, a rempli de nombreuses missions. Mais sa situation est plus qu’incertaine. Par gros temps, quand la méritocratie républicaine se grippe, seuls les groupes de pression les mieux introduits dans les sphères décisionnelles survivent. Notre dossier le rappelle : depuis la déliquescence de la classe ouvrière et de ses organisations, les quartiers populaires ont du mal à reconstruire de l’action collective susceptible d’influencer les décisions. Ils n’ont plus de représentants pour les défendre au milieu de la  tourmente. Déjà, les services publics avaient tendance à déserter les banlieues. Les associations y palliaient tant bien que mal. Par temps d’austérité, la fonte des budgets de l’action sociale les frappe en premier lieu.

Les élections se préparent : la police sera dorénavant le premier interlocuteur pour répondre à la misère sociale. Les pauvres n’ont qu’à bien se tenir. Le Kärcher est toujours prêt à l’emploi.

Erwan Ruty, directeur de Ressources Urbaines

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