
Qu ’on t-ils fait de leurs 5 ans ? Fodé Sylla

« Je suis contre le terme de discrimination positive, mais je préconise un coup de pouce républicain!»
Après 2005, il y a eu une véritable prise de conscience dans la classe politique au sujet de la situation dans les banlieues. Moi, au Conseil Economique et Social, j’ai voulu travailler pour les quartiers populaires, pas seulement sensibles. Mon travail a concerné autant Lyon que Villiers-le-Bel. Ma démarche m’a permis de suivre les parcours des jeunes de leur naissance à l’entrée dans la vie active. Il y a deux phénomènes clés à prendre en compte : la question de la mobilité et toutes les discriminations géographique, patronymique ou ethnique. Ce rapport sur l’emploi des jeunes dans les quartiers populaires était une première et, pour résumer, plusieurs mesures en sont sorties. La première concerne la suppression de deux fichiers de police répertoriant des jeunes ayant été l’objet d’un soupçon. Une situation handicapante dans l’accès à l’emploi. La deuxième préconise la mise en place de zones franches urbaines «inversées» pour exonérer les entreprises recrutant des jeunes des quartiers. Un concept favorisant la mobilité, et largement accessible aux grandes entreprises. Mais les quartiers restent une poudrière et dans le même temps rien ne bouge. Ils sont assommés par la drogue, l’alcool mais aussi le chômage. J’en conviens, cinq ans après les émeutes, la situation a empirée. Mais les mesures portées par Jean-Louis Borloo, ont quand même offert une embellie. Quant au plan Marshall, c’était censé être un plan avec des moyens financiers et humains colossaux. En même temps, difficile pour Fadela Amara d’agir sans argent. Qu’aurait elle dû faire ? Claquer la porte ? Je ne suis pas sûr que c’était la meilleure chose. Et puis, elle l’a répété, les quartiers n’étaient pas la priorité du gouvernement. Maintenant, est-ce que, en tant qu’ancien responsable socialiste, je juge le PS responsable des émeutes et de la situation dans les quartiers ? J’irais même plus loin. Le PS, porteur d’humanisme, d’égalitarisme, a été incapable de mettre en orbite des personnalités politiques issues de la diversité ! Que ce soit la Droite qui ai propulsé Rama Yade ou Rachida Dati pose question. Je suis contre le terme «discrimination positive», mais je préconise un « coup de pouce républicain!»