Cultures urbaines : la culture populaire du XXIème siècle

Le 27-10-2010
Par xadmin

Lorsque Jean Vilar prend la direction du Théâtre National de Paris en 1951, son objectif est à la fois de s’autonomiser d’une politique culturelle liée aux pouvoirs en place, notamment en décentralisant la création, mais aussi en initiant un « théâtre pour les ouvriers », afin d’ouvrir cette classe au « répertoire le plus haut et de faire partager à tous ce qui avant était l’apanage d’une élite ». Tous les espoirs sont alors permis, mais on n’imagine pas qu’il puisse aussi être utile d’ouvrir les élites aux cultures populaires. Cette déconnexion entre « culture élitiste » et « culture populaire » est l’un des points aveugles de la société française : l’éducation populaire se veut à cette époque le pont entre ces deux mondes, mais ressemblera de plus en plus à un « pont là où il n’y a pas de rivière ». C’est l’amer constat que l’on doit faire d’une culture populaire qui s’est détachée de son socle social, notamment depuis une certaine institutionnalisation suite à la victoire de la Gauche en 1981, de la contre-culture qui avait émergé dans les années 68. Contre-culture qui est souvent devenue culture de masse, « culture mainstream ». La rupture est nette lorsque l’on se demande si par exemple le hip-hop est porteur d’une identité « née du bitume », d’une nouvelle contre-culture, d’une contestation qui rendraient compte d’une certaine origine sociale. La plupart des acteurs de l’éducation populaire et de la « chanson engagée » jugeront que non. Jusqu’à certains rappeurs désabusés qui estiment que de toutes manières, « les prolétaires sont des capitalistes dans la salle d’attente » (La Caution). Mais n’assiste-t-on pas plutôt à l’émergence d’une nouvelle identité dans les cultures populaires, qui, s’arrachant de leur folklore local et rural, s’appelleraient dorénavant « cultures urbaines » ? Et seraient en gestation de nouvelles formes d’expression (slam, battles, clashs…), d’éducation populaire (ateliers d’écriture…), voire d’engagements « citoyens » ou politiques (Devoirs de Mémoires et Devoirs d’Agir, collectifs comme Emergence…). Cet ancrage dans le bitume de la réalité quotidienne est aidé par un financement culturel plus souvent porté par les municipalités (Service Jeunesse et Centres Sociaux), et donc par le locale, que par les DRAC (la Culture avec un grand « C » et son Ministère). Pas étonnant qu’un collectif de chanteurs ch’tis basannés (le MAP) réclame par sa simple existence la création d’un Ministère des Affaires Populaires, et que l’événement « Rue » au Grand Palais (2008) ne soit resté qu’un épiphénomène !
« Le pouvoir est dans les musées, l’art est dans la rue » clamait un collectif de jeunes artistes de Seine-Saint-Denis, Alakis. La rue, c’est là que bat le cœur de la France populaire du XXIème siècle. Et qui parle mieux de la rue que le hip-hop?

La rédaction

 

Participez à la réunion de rédaction ! Abonnez-vous pour recevoir nos éditions, participer aux choix des prochains dossiers, commenter, partager,...