La France Noire, trois siècles d’une histoire occultée

Le 28-10-2011
Par xadmin

Après les succès des beaux livres Le Paris noir (2001), Le Paris arabe (2003) et le Paris Asie (2004), c’est tout un programme que l’Achac (Association pour la Connaissance de l'Histoire de l'Afrique Contemporaine) lance le 3 novembre avec La France Noire.

Ce programme qui retrace l’histoire des populations afro-caribéenne, afro-américaine et de l’océan indien sur le sol de France se veut un événement. Il intervient en effet dans une période 2010-2012 marquée par plusieurs commémorations : Le 50ème anniversaire des indépendances africaines (1960-1962), le 80ème anniversaire de l’exposition coloniale (1931) ou encore le 10ème anniversaire de la loi Taubira (2001).

La démarche s’articule en trois « volets » : la publication du beau livre La France Noire qui retrace trois siècles des présences des Afriques, des Caraïbes et de l’océan Indien en France ; une exposition itinérante sur l’histoire des Afro-Antillais en France et trois documentaires sur les Noirs de France coproduits par la Compagnie phares et balises et France Télévisions( Le temps des pionniers, Le temps des migrations, le temps des passion ).

Le groupement de chercheurs coordonné par Pascal Blanchard, parmi les acteurs les plus productifs sur les questions liées à l’histoire coloniale et « post-coloniale », a prévu un ensemble d’événements autour de ces trois supports, comme des éditions de DVD spécifiques, des tables rondes dans douze villes de France, des avants premières autour des films ou encore des rencontres autour du livre.

Pour Eric Deroo, historien et cinéaste qui a collaboré au programme, l’ampleur du projet doit beaucoup plus à la « machine Pascal Blanchard » qu’à un véritable « désir » des médias ou a une demande du public. « L’universalisme et le crédo de la France Républicaine reste très ancrés dans la classe politique, explique-t-il. Dans les médias, même si il y eu une évolution –dans la représentation de la « diversité » - il ne faut pas exagérer, statistiquement ça reste très faible. La télévision, par obligation, a fini par avoir presque une politique de quotas mais ça ne correspond pas à un réel désir politique. »

Une des particularités du projet est une conception très extensive de l’ « identité noire » en incluant par exemple les populations originaires de la Nouvelle-Calédonie, alors que même certains antillais s’étonnent de voir les ultramarins figurer dans le projet. « Ca a été l’objet de plusieurs débats, explique Eric Deroo. Lors de la présentation des films aux rendez-vous de l’histoire à Blois un enseignant d’origine antillaise s’étonnait que les antillais y figurent. Nous avions eu le même type de réactions avec Paris noir. On peut de toute façon se demander si la couleur doit déterminer quoi que ce soit ». Elle est pourtant le titre donnée au programme. « C’est un titre provocateur » s’amuse l’historien.

Comme toujours avec l’ACHAC l’attrait principal de la démarche est sans aucun doute la richesse de la documentation mobilisée associée à une vulgarisation dans la forme pour capter l’attention du public. « L’idée était de mettre tous ces documents à disposition du public en restituant le temps long. Car on a souvent l’impression que ces problématiques sont liées à l’actualité, or elles correspondent à une histoire ancienne et longue. Chacun des chercheurs est un spécialiste, nous avons sollicité des documents auprès de toutes les bibliothèques et médiathèques, ce qui a été important aussi pour nous car il y a certaines époques où il ya très peu d’images sur ces sujets et d’autres où il y en beaucoup. C’est souvent révélateur. Nous avons créé des expositions et essayé de « sortir » des extraits de textes pour capter l’attention du public». Voilà qui devrait faire sortir des pans entiers de l’histoire française de l’oubli ou de la confidentialité.

Yannis Tsikalakis

A suivre sur :
http://www.achac.com

 

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