
La France noire : un film face au public

Rendre compte de l’histoire des Noirs de France depuis trois siècles, c’est le défi relevé par Pascal Blanchard, historien et spécialiste du « fait colonial » et Juan Gélas, réalisateur et journaliste, avec leur documentaire Noirs de France. Cette trilogie retrace, de 1889 à nos jours, la place de l'homme noir en métropole. Elle prolonge l’analyse commencée dans un livre paru en novembre, La France noire (La Découverte), déjà dirigé par Pascal Blanchard.
Diffusé sur France 2 en février dernier, Presse & cité a « faire vivre » ce documentaire en le projetant à différents publics. Nos journalistes ont ainsi recueillis les questionnements et impressions de jeunes lycéens de Seine-Saint-Denis, de jeunes élèves d’une association d’éducation populaire de Nanterre et même d’immigrés résidant dans un foyer de Montreuil. Des réactions contrastées qui oscillent entre colère, tristesse, interrogations, soif d’en savoir plus. Une initiative que Juan Gélas commente pour nous.
Une vocation pédagogique :
Les réalisateurs donnent la parole aux acteurs et héritiers de cette identité noire. Aujourd’hui beaucoup de ces enfants d’immigrés ignorent ou méconnaissent leur histoire. L’école républicaine l’élude en partie. Plus de 4 millions de nos concitoyens réclament à juste titre leur place dans la société et les livres d’histoire. Aux images d’archives se mêlent des témoignages de personnalités comme Joeystarr, Audrey Pulvar, Lilian Thuram, Christine Taubira , ainsi que des anonymes.
Des réactions contrastées
Comment ne pas réagir aux images de soldats noirs faits prisonniers par les troupes allemandes et maltraités par ces derniers quand on sait qu’à la Libération en 1945, pas un seul de ces soldats ne défilera sur les Champs-Elysées à la demande expresse des Américains, qui pratiquent la ségrégation. Les émotions sont vives pour celles et ceux qui découvrent les épreuves endurées par leurs ancêtres.
Un nécessaire devoir de mémoire
Qui se souvient que le Sénat fut présidé dans les années 60 par le Guyanais Gaston Monnerville ? Des sociologues ou historiens comme Pap Ndiaye, des hommes et des femmes politiques, notamment la députée (PRG) de Guyane Christiane Taubira ont fait leur cheval de bataille cette transmission. Cette dernière s’est battue en 2001 pour que la traite des Noirs et l’esclavage soient reconnus comme crimes contre l’humanité… Une journée de commémoration a lieu chaque année le 10 mai…
Nadia Hathroubi-Safsaf & Charly Célinain (Images, montage)
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