Les contes de Mimoun Guélaille "Veste de Paille"

Le 04-11-2011
Par xadmin

Membre fondateur du Mouvement de l’Immigration et des Banlieues (MIB), Farid Taalba a aussi exprimé son engagement par une approche littéraire des banlieues à travers un recueil de nouvelles. Chroniques douces-amères des quartiers populaires solidement ancrées dans ces années 80 où l’ébullition de la deuxième génération percutait de plein fouet une société qui ne l’attendait pas. De cette décennie, on retient trop facilement la gauche au pouvoir, l’antiracisme triomphant avec ses concerts sur les esplanades et cette « culture beur » davantage revendiquée par les médias que par une génération qui n’était pas que culturelle… Elle était aussi sociale, politique, marquée au fer par les contradictions de la France républicaine, sujette à l’anathème… en résumé historique.
C’est sur ce chemin que Farid Taalba s’engage en ouvrant son recueil par une conversation de comptoir que les amoureux de Slimane Azem apprécieront. Une ouverture sur les contradictions, tensions et combats que vécurent les migrants, les parents, et qui semblent ne pas se fermer près de 50 ans après. Comme pour illustrer ce proverbe arabe qui veut les enfants au crépuscule de leur vie constatent qu’en dépit du temps et des efforts déployés, ils ressemblent toujours sinon davantage à leurs parents. Il n’y a pas de génération spontanée pour Farid Taalba, juste des filiations revendiquées, mal assumées, ignorées ou rejetées. Si à travers ces nouvelles la relation aux parents ne tourne pas au réquisitoire ou a l’ode lacrymale, elle n’en demeure pas moins nuancée, complexe, emprunte de respect et pudique car certainement puisée à l’eau d’une histoire personnelle.
À travers les cinq contes, le nouvelliste aborde les années 80 par la banlieue et l’envie furieuse d’exister qui animait les plus jeunes. Une époque où l’ainé de la fratrie allait faire son service militaire au pays, où les parents consultaient les guérisseurs pour juguler le chômage et les discriminations. Un temps où frauder dans le RER pouvait se solder par la mort et où la drogue décimait les familles et acculait les jeunes à se réfugier encore plus profondément dans les entrailles de leur cage d’escalier. C’était aussi le temps des fixeurs et des journalistes baroudeurs qui investissaient les quartiers comme des agents secrets ou des policiers. Une époque pas si lointaine finalement de celle que nous connaissons aujourd’hui… l’espérance en moins.

 

Farid Mebarki

 

Recueil de nouvelles de Farid Taalba - 2008 –FSQP

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