Journées du patrimoine...colonial

Le 30-09-2009
Par xadmin

A l’occasion des Journées du patrimoine 2009, les 19 et 20 septembre, des millions de français se seront une fois de plus pressés aux portiques des musées et dans les palais de la République pour en admirer le faste. En ce qui nous concerne, nous nous sommes rendus dans le « Jardin tropical » du bois Vincennes. Là, pas de file d’attente interminable avec des gamins qui braillent ou des touristes de toute la planète ; aucun risque de choper la grippe A : on était cinq. Pour voir quoi ? Les tristes résidus, les mornes ruines de l’Empire colonial, au faîte de sa gloire il y a 102 ans, ici même, à Vincennes, au moment de l’inauguration de l’exposition coloniale de 1907.

Quoi d’étonnant, finalement, puisque les plus prestigieux des historiens nationaux (à l’instar de Pierre Nora dans ses fameux « Lieux de Mémoire ») ont purement et simplement zappé les traces de cet épisode pourtant colossal de l’histoire de l’hexagone ?
On a ainsi pu tranquillement déambuler aux abords de l’ancien village indochinois (pagode écarlate remplaçant un bâtiment détruit par un incendie criminel en 1984, urne funéraire de Hué, mausolée, stèle, stupa et petit pont…) ; du pavillon de la Tunisie (à la fois ancien bazar, salle d’expo-vente et laboratoire, le tout bien décrépi aujourd’hui) ; de la modeste bâtisse de la Guyane (toujours dans l’Empire colonial) ; du tas de bois calciné faisant place à l’ancien pavillon du Congo ; de l’humble kiosque de la Réunion ; et des ruines de l’ancien pavillon du Maroc… Tous ces vestiges du passé colonial de la France sont donc bien mal en point.
On regrettera l’oubli dans lequel s’enfonce progressivement cette période où la République aimait à montrer les trésors de ses colonies, y compris ses « indigènes », dans des cages (les fameux « zoos humains »), afin d’instruire le bon peuple sur les merveilles de l’univers… A l’époque, on appréciait de faire venir Anamites, Dahoméens, Soudanais ou Malgaches et autres Touaregs en France pour les exhiber. Maintenant beaucoup moins.
Pour s’en convaincre, on pourra se rendre quelques centaines de mètres plus au Sud, toujours dans le bois de Vincennes, vers le Centre de Rétention Administratif, où sont enfermés au moins 280 personnes sans papiers. Et où un incendie (encore…), le 22 juin 2008, a provoqué la mort d’un ressortissant tunisien. Pourtant, contrairement à leurs ancêtres du siècle dernier, ces internés sont très difficilement visitables. Par contre ils sont tout aussi enfermés qu’eux… En guise de consolation, on pourra néanmoins se recueillir auprès des stèles à la mémoire des combattants noirs et asiatiques morts pour la France lors de la Première Guerre Mondiale, qui s’élèvent quand même encore de-ci, de-là au milieu d’un taillis d’essences exotiques ou d’une jolie bambouseraie, du côté de Nogent.
 

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