BANLIEUES CARAÏBES - MIGRATION ANTILLAISE - SAKAMO

Le 10-06-2011
Par xadmin

Comme dans les banlieues populaires métropolitaines, le peuplement des Antilles s’est constitué dans un déplacement massif de populations diverses qui ont dû inventer les modalités de leur cohabitation après l’abolition définitive (1848). Sans occulter l’inhumanité de la déportation et de l’exploitation esclavagiste, c’est principalement sur les migrations du dernier siècle de l’esclavage aux Antilles françaises ainsi que de l’adaptation de la société au salariat que se concentre notre regard dans ce dossier.

La mise en place de ces migrations de travail préfigure, d’une certaine façon, la diversité du peuplement des banlieues populaires alimentant le bassin d’emploi parisien dès les années 1880 ; avec les développements que nous lui connaissons et dans lesquels la migration antillaise, et ses enfants nés ici, est largement présente. Ces enfants nés ici justement, qui ne se réfèrent souvent qu’au seul modèle de l’esclavage pour arrimer une identité blessée qui se construit dans l’expérience des discriminations feutrées contemporaines. Ces jeunes qui méconnaissent souvent la complexité historique, les luttes collectives, la diversité des parcours individuels qui fondent la société antillaise présente. L’affirmation : « On était bien tranquille dans nos îles et les Français sont venus nous coloniser ! » prononcée par un collégien de Villiers-le-Bel lors d’un débat centré sur les identités et unanimement agréée lors d’ateliers d’écriture menés avec des troisièmes au collège Jean-Lurçat de Sarcelles et au collège Martin-Luter-King de Villiers-le-Bel, justifie le présent dossier.

Nous poursuivons notre exploration des archives familiales. C’est donc une iconographie décalée, comprise entre 1850 et 1950, qui nous permet de rendre compte d’un regard porté sur les Antilles, principalement au travers de l’illustration des magazines et de l’imagerie destinée aux enfants.
 

Dominique RENAUX

 

MIGRATION ANTILLAISE


Vers 1960 aux Antilles, la crise de la plantation libère une main d’œuvre qui n’a d’autres issus que le chômage alors qu’en métropole, l’expansion économique amène un fort développement des emplois de bureau dans le secteur privé. A ce moment, les petits fonctionnaires s’en vont vers le Privé qui offre de meilleurs salaires. A partir de 1961, le Bureau des Migrations pour les DOM (Bumidom) organisa la migration des Antillais vers les postes désertés des hôpitaux, de la Poste, des Douanes qui ne pouvaient être occupé que par des Français. Le quota était de 2 500 personnes par an et par territoire. En 20 ans, le Bumidom plaça 160 000 Antillais, Guyanais et Réunionnais dans des emplois de service. Tous ne devinrent pas fonctionnaires, la bourgeoisie étant à la recherche de personnel de maison plus docile que les bonnes espagnoles devenues revendicatives, on lui proposa aussi des milliers de domestiques antillaises.

Après guerre, 50 000 Antillais étaient cadres dans l’administration ou occupaient des postes qualifiés. A partir de 1960, l’immigration se prolétarisa en trouvant à s’employer dans les secteurs du bâtiment et des métaux, de la santé, de l’industrie automobile et des emplois de maison. Le Bumidom fut une réponse aux besoins de main d’œuvre d’employeurs métropolitains, publics ou privés. A partir de 1975, le marché du travail connaissant une profonde crise, le Bumidom s’orienta vers le regroupement familial pour disparaître en 1982. Au recensement de 1982, le quart des personnes nées aux Antilles vit en métropole. En additionnant les natifs et leurs enfants nés ici, les 325 000 domiens dessinent une troisième île en plein cœur de l’Europe.

En l’an 2000, les Antillais ne dépassent guère 1% de la population nationale. Ceux qui vivent en métropole sont principalement implantés dans la banlieue nord de Paris et leur effectif dépasse 10% de la population de Sarcelles, de Garges-lès-Gonesse ou d’Aulnay. L’immigration de travail est devenue une immigration de peuplement. Le Bumidom ne dit plus rien aux jeunes, mais il reste le point origine d’une migration massive des Antillais vers la métropole.

 

http://www.fusion.asso.fr/
 

 Voir la page de notre annuaire sur Sakamo

 

Participez à la réunion de rédaction ! Abonnez-vous pour recevoir nos éditions, participer aux choix des prochains dossiers, commenter, partager,...