Quartiers « sensibles » et opinion : l’état des lieux du CREDOC

Le 29-07-2011
Par xadmin

Les quartiers « sensibles » et leurs guillemets systématiques, qu’ils soient vécus ou fantasmés, sont de toutes les conversations. Source de tous les maux pour les uns, vivier de talents pour les autres, à chacun son opinion… Dans son enquête réalisée en 2009 à la demande de l’Acsé (Agence pour la cohésion Sociale et l’Egalité), le CREDOC (Centre de Recherche pour l’Etude et l’Observation des Conditions de vie) analyse l’opinion des français sur ces lieux où 11% de la population déclare vivre ou travailler. Retour sur un document instructif qui vous a certainement échappé.

La principale originalité de l’étude est sans doute le croisement des attitudes et opinions des personnes sondées sur les quartiers sensibles avec leurs valeurs et leur grille de lecture du monde en général (en termes de mœurs, de définition du progrès etc.). Ainsi les personnes les plus préoccupées par les discriminations sont celles dont les valeurs sont les plus « modernistes ». Les plus préoccupées par la situation des quartiers sensibles sont les plus « pessimistes » en raison de leur propre situation ou de leur perception globale du fonctionnement de la société. Les plus « traditionnalistes » et « pessimistes » sont les plus préoccupées par les enjeux de sécurité. Les plus « modernistes et optimistes » sont plus nombreux à estimer que « les jeunes des quartiers sensibles sont une chance pour la France ».

De manière générale la majorité des français sondés (58%) pense que la situation s’est dégradée dans les quartiers sensibles. Mais le constat le plus sévère vient de ceux qui ne vont jamais dans ces quartiers et déclarent ne pas connaître de proches qui y vivent (46% de la population, notamment les seniors, les ruraux, les personnes au foyer et les non diplômés, dont la mobilité est limitée). Les représentations les plus négatives sur les « Zones Urbaines Sensibles » sont donc à trouver en dehors de ces quartiers. Ce qui n’est pas sans rappeler les scores importants du FN dans des communes rurales où l’immigration est limitée.

Une chose semble faire quasiment l’unanimité : 84% de la population pense que l’Etat doit intervenir davantage dans les quartiers et 88 % pense que l’Etat devrait faciliter l’égalité des chances entre ces quartiers et le reste du pays.
Les leviers d’action plébiscités sont dans l’ordre : l’insertion professionnelle des jeunes, l’aide aux entreprises pour recruter et l’incitation à la participation locale (acteurs locaux, associations).

Par ailleurs, 9 français sur 10 se disent préoccupés par les discriminations, en premier lieu celles fondées sur la couleur de la peau (52%). Suivent celles à l’égard des handicapés (30%) et les discriminations entre les hommes et les femmes (26%).

Enfin, Les discriminations en fonctions du quartier où l’on habite ne viennent qu’en 5ème position (18%), elles sont pourtant centrales pour aborder la question des quartiers dits sensibles. Elles sont d’ailleurs de plus en plus prises en compte grâce à des actions comme celle de l’Académie des Banlieues, de la ville de Tremblay ou la reconnaissance de la « discrimination territoriale » par la Halde.

En tout cas voilà quelques éléments chiffrés d'analyse sur un sujet miné par les exagérations et autres fantasmes, notamment en période préélectorale.


YT


Voir l’étude du Credoc :
 

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