Figuig, ville marocaine sous perfusion française ?

Le 25-07-2011
Par xadmin

Les franco-marocains originaires de cette province entretiennent un lien tout particulier avec l’oasis. Santé, éducation, formation : la ville s’est développée en grande partie grâce à la diaspora figuiguienne.

Petite ville berbère nichée à l'est du Maroc, à la frontière algérienne, Figuig a toujours été délaissé par le pouvoir central : victime de son éloignement géographique, les capitales économique et politique Casablanca et Rabat sont à plus de 1000 km. Cette situation difficile est à l’origine d’une solidarité toute particulière de la diaspora figuiguienne. « Il est vrai qu’entre originaires de Figuig, on s’entraide beaucoup. Dès qu’une personne du village a besoin de quelque chose, on l’aide même si on ne la connait pas ! » raconte Mustapha Serhir, président de l’association Hassanya de Stains et figure de la diaspora en Seine-Saint-Denis. L’aide de la diaspora française est d’autant plus importante que Figuig continue d’être une traditionnelle terre d’émigration. « Beaucoup vivent à l’étranger. Et la jeunesse du village rêve toujours de venir en France ! Dans les années 60, on comptait 34 000 habitants, ils ne sont que 12 700 aujourd’hui » poursuit-il.

Une diaspora constituée en association
En Ile-de-France seulement, il y a 1500 familles originaires de Figuig. Sur tout le territoire, on compte 7000 Figuiguiens d’origine. Le poids de la diaspora est donc très important. « Dès qu’un figuiguien arrivait en France, on s’organisait dans la communauté pour le nourrir, le loger et même lui trouver un travail ! » poursuit Mustapha Serhir. Ces associations informelles et traditionnelles se forment dans les années 50 et s’officialisent dès 1981, au moment où les étrangers présents sur le sol français sont autorisés à se constituer en associations. Cela a permit aux familles d’avoir des ambitions plus larges pour le développement de la province. Sous l’impulsion de Mustapha Serhir, Figuig signe en 2000 un protocole de coopération décentralisée avec le Conseil général de Seine-Saint-Denis et la ville de Stains.
 

Le passage au tourisme et au commerce équitable
Pour encore plus d’efficacité, les associations de France décident de se rencontrer, de s’associer et de prendre leur place dans les projets. La fédération des associations de Figuig Maroc en France (FAF-MF) voit le jour en 2001. Le rôle des migrants de la FAF-MF dans le développement de Figuig se décline en plus-value financière primordiale. Tout d’abord, les traditionnels envois de « cash » au pays sont la base des tractations bancaires. « On le sait tous, les banques figuiguiennes travaillent en grande majorité avec l’argent de la diaspora » précise Mustapha Serhir. Les migrants envoient aux familles et encouragent des initiatives locales. Le commerce équitable par exemple. Deux filières sont en construction : l’artisanat et les dattes. Le tout en partenariat avec le réseau de commerce équitable Minga. Mais le développement se déroule aussi grâce à la promotion culturelle et environnementale du territoire. Les associations mettent en valeur les paysages uniques et le patrimoine historique de Figuig. Les sites internet dédiés à la province comme ville-figuig.com vantent « la ville aux charmes infinis ». Et on ne manque pas de rappeler que le célèbre romancier Amin Maalouf, décrit Figuig dans « Léon l’Africain ».

Des effets immédiats
La collaboration entre la fédération des associations de la diaspora et le département du 93 a aussi des effets immédiats et concrets. La construction du réseau d’assainissement de la ville par exemple. La création d’un service municipal et la formation de personnels sur place est inclut dans le projet. Le secteur de la santé est particulièrement soigné par la diaspora. « Les associations alimentent régulièrement l’hôpital de Figuig de matériel adapté comme des fauteuils pour handicapés. Nous avons même pu envoyer une ambulance. » explique Atmane Mohamed, membre de la fédération. Et tout récemment, le centre hospitalier a été doté du premier appareil pour dialyse. Du personnel de santé du Conseil général s’est associé aux professionnels de la diaspora pour créer un groupe de réflexion et de conseil aux Figuiguiens. En ce qui concerne les transports, « nous avons pu envoyer deux bus. Ce qui est très pratique pour les déplacements des habitants dans la province notamment dans le cadre associatif » souligne Atmane Mohamed. Pour les jeunes, des échanges culturels et des séjours de formation en France sont organisés. Le lien entre les nouvelles générations de Figuiguiens est ainsi assuré… Ce lien très fort et affectif entre ces marocains résidents à l’étranger qui ont quitté l’oasis reste intact. Ainsi, la petite province a le droit à son journal internet de qualité, Figuignews. Il met en valeur les dernières opérations de la ville, et tient ainsi informée toute cette diaspora, toujours friande de nouvelles du pays.

Mérième Alaoui
 

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