La sécurité, mon business - Ressources Urbaines

Le 13-12-2010
Par xadmin

Le secteur de la sécurité ne connait pas la crise. Karim Oueslati, 30 ans, a créé Express Services Sécurité en 2006. Un saut dans l’entrepreneuriat qu’il est loin de regretter. Portrait.

De l’animation à la sécurité, il n’y a qu’un pas! Karim Oueslati, 30 ans en sait quelque chose. Fondateur de la société Express Services Sécurité (ESS), le jeune patron est issu du monde de l’animation de quartier. De 1997 à 2004, il travaille comme animateur socio-culturel à Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine), sa ville natale. Habitué « aux grosses opérations » organisées par sa ville, Karim prend goût au monde de la sécurité. « Quand il y avait des événements à Rueil, je gérais souvent les prestataires auxquels on faisait appel.» Plutôt imposant, Karim compare son entrée dans le secteur à «un coup de hasard». C’était en 2006. «J’ai monté ma boîte dans la sécurité en m’associant avec ma femme, Jihenne», explique t-il, confortablement assis sur un sedari, un salon marocain. Sa maison, c’est son bureau. «Au début, je louais un local dans le 13e à Paris.» Montant du loyer? «500 euros par mois.» Un coût exorbitant pour sa petite entreprise, aujourd’hui domiciliée à Bezons (Val d’Oise).

Aujourd'hui, Karim et Jihenne s’en sortent plutôt bien. «Depuis le lancement de ESS, on a eu de belles missions», reconnaît-il. Medef, EDF ou pour des événements privés, Karim a su développer un réseau de clients. Même s’il avoue rester modeste. « Ce qui compte, ce n’est pas tant pour qui on travaille mais plutôt comment on le fait! », rappelle t-il. Depuis, la création de la PME, il nourrit une obsession : «le souci du travail bien fait.» Et pour atteindre son objectif, il sait employer les bons moyens. «La qualité de nos prestations passe par des agents de sécurité bien payés», avance t-il, les yeux écarquillés pour signifier la logique de son propos. «Je les paie en moyenne 19 euros de l’heure quand les concurrents tombent à 11 euros !» Cette grille de rémunération a un revers. «Je suis contraint de refuser des missions que je juge peu ou pas assez rémunérées.» Avec une dizaine d’employés en CDI, le vivier d’ESS compte une quarantaine de personnes.

Parmi les recrues, des jeunes de son ancien quartier à Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine). «Pour autant, on fait de vrais casting, une nécessité pour satisfaire les clients.» Et, pour tous ses recrutements, Karim reste exigeant sur les compétences des employés. «Pour les maîtres-chiens, par exemple, je recrute des personnels qualifiés, je fais le tour des centre de dressage. On travaille exclusivement avec des malinois. Et si le maître-chien ne maîtrise pas l’animal, il ne passe pas le concours", lance t-il, amusé. Moyenne d’âge 18-25 ans. «Les gars que j’emploie ont besoin de travailler, certains n’ont personne pour les aider.» Philanthropique, de surcroît. Une démarche qu’il pousse jusque dans sa façon de manager. «Dans mon entreprise, les gens ne sont pas des numéros», confie t-il. Et de poursuivre, «je leur parle de tous mes projets, je décide de manière collégiale.» Un enjeu stratégique aussi. «En les associant, je les rends acteurs.» Une relation qui lui permet du jour au lendemain de mobiliser «150 personnes pour un événement imprévu.»

Une gestion d’entreprise qui porte ses fruits. Le jeune patron annonce un chiffre d’affaires à 6 chiffres. Montant exact? « Je préfère le garder pour moi», s’excusant presque de sa discrétion. « Je pourrais travailler plus mais pas en cassant le marché comme le font beaucoup…», déplore t-il. Du côté des clients, la PME a acquis une bonne réputation. « A l’heure actuelle, toutes les entreprises nous ont rappelés», souligne t-il entre deux gorgées de café. Pas étonnant, le trentenaire est une bête de travail. Entre les agents à sélectionner, les points techniques et le réseau à développer, Karim a mis le sommeil de côté. « Les semaines pleines je dors 3 à 4 heures par nuit…» Mais le jeu en vaut la chandelle. Rappelant un vieil adage de son père, homme de ménage, Karim se répète inlassablement : « le client, il faut pas le décevoir »…


Nadia Henni-Moulai/ RU

 chiffres clés:

4000. C’est le nombre d’entreprises spécialisées dans la sécurité selon le Snes
160000 agents seraient employés dans le secteur. 100000 nouveaux postes seront à pourvoir d’ici 2015. Soit 15000 par an.(1)
En 2006, le secteur a connu une croissance globale de 7,2%. Les entreprises européennes représentent 31% du marché mondiale. En France, leur part s’élève à 5% (2)

(1) Union des entreprises de la sécurité privée
(2) En toute sécurité, revue bimensuelle
 

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