
Yassin Lamaoui : « La politique n’est pas une passion mais un devoir et une nécessité »

Pressenti pour diriger la liste citoyenne « Sainte Geneviève pour tous » dans l’Essonne aux municipales 2014, Yassin Lamaoui a renoncé à être tête de liste en raison des stratégies internes. Elu municipal dans le parti d’opposition, il a déjà les yeux rivés vers les cantonales et les législatives prévues en 2015 et 2017. Portrait.
« Soit on râle, on se plaint et on fait rien, soit on agit. » Yassin Lamaoui a décidé d’agir sans râler. A 32 ans, cet élu municipal de Sainte-Geneviève-des-Bois dans l’Essonne a gravi les échelons un à un. Son engagement en politique ? Il s’en souvient comme si c’était hier. Président de Perspective-SG, une association culturelle et sportive de la ville, il co-organise, de 2007 à 2010, un tournoi de foot en mémoire des jeunes du quartier disparus morts d’une balle perdue ou d’accidents de la route. Le 8 mai 2010, il clôture l’évènement par une allocution jugée trop politique par la municipalité. « L’élue au sport m’a sermonné en disant que je voulais mettre les jeunes contre la mairie alors que je leur demandais simplement de se prendre en main et de rejoindre l’association. » Le soir même, en démontant les barnums, il décide fermement de se lancer en politique.
Originaire d’Agadir au Maroc, il est l’aîné d’une fratrie de quatre enfants. Cursus scolaire classique. Il ne s’épanche pas trop sur le sujet. Il s’arrête à une licence professionnelle en management de la qualité. Joueur de foot avéré, il est également éducateur sportif de 17 à 28 ans. Malgré un emploi du temps chargé entre son poste d’élu et celui de chargé de mission économique à Aubervilliers, il continue de s’entrainer le dimanche matin. « C’est là que je me sens libre et que je me lâche », précise-t-il.
Une prise de conscience
De prime abord, Yassin Lamaoui soigne son apparence. Cheveux noirs gominés, barbe bien taillée, il porte une chemise bleue et un jean assorti d’une veste de costume grise. « Pour être crédible, il faut être présentable, » lâche-t-il. Être crédible, c’est ce qu’il tente depuis la création de son parti, le Parti des Génovéfains (PDG) en octobre 2010 sur les exemples du Parti des Grignois (PDG) à Grigny et de Massy plus juste. Deux listes "citoyennes". Il se présente pour la première fois aux cantonales en mars 2011. Rapports d’activité, budget départemental, finances publiques…, le jeune homme épluche tous les dossiers avec l’aide de Dawari Horsfall, le chef de file à Massy. « Je suis parti de zéro et j’ai réussi à présenter un programme où certaines idées ont été reprises par le conseil général deux ans plus tard comme l’accompagnement financier des aidants dans les maisons de retraite. » Il remporte 8,2% des suffrages. Un record pour une liste indépendante à une élection cantonale. De là, il se sent prêt à poursuivre l’aventure.
Au quartier, les gens commencent à le prendre au sérieux. « Il sait ce qu’on vit, il a ses idées et parle très bien. Il veut que les jeunes s’en sortent sans vivre au crochet des aides sociales » explique Hugo Seugé, 26 ans, membre du PDG. Et d’ajouter: « Yassin a fait beaucoup de sacrifices, il a donné de son temps, de son argent. Le week-end, au lieu de sortir, il bossait, organisait des évènements et tournait dans le quartier à la rencontre des habitants ».
Union et concessions personnelles
Sur le plan personnel, la politique lui a beaucoup coûté. Il retourne vivre au domicile familial après deux séparations. « Ma mère me répète tous les jours de mettre fin à mon engagement car cela ne m’apporte rien. »
un libéral qui séduit les jeunes et les élus de droite
Son Iphone à la main, l’élu municipal a toujours un œil sur son compte Facebook. Sur 1500 amis, 800 personnes sont de la ville. Il publie en moyenne trois statuts par jour. « Je me fais une petite revue de presse tous les matins de 6 à 7 h en lisant le Monde, l’Opinion, Contrepoints, Atlantico… Cela me permet d’être toujours au point sur l’actu. » Actif sur les réseaux sociaux, Yassin Lamaoui l’est aussi sur le terrain. Son maître mot : la proximité. Marie Noëlle Rolly, enseignante retraitée, membre de l’UDI et de la liste commune a côtoyé Yassin au quotidien pendant la campagne aux municipales. « Grâce à lui, j’ai pu entrer dans les maisons et échanger avec les gens en difficulté. On partage le même sens de l’écoute de l’autre et la volonté d’apporter des solutions concrètes. »
Malgré un grand investissement sur le terrain, la liste conduite par Jean Pouch perd au premier tour face au maire sortant Olivier Leonhardt (PS). Il fait pourtant un score honorable de 25%, juste devant le FN. Yassin Lamaoui obtient une place d’élu municipal dans le parti d’opposition. « On n'a pas réellement de pouvoir mais c’est un moyen d’informer les gens sur les délibérations de la ville. C’est un travail de vigilance citoyenne. » Mais le jeune homme ne veut pas s’arrêter là, il est déjà dans le coup d’après. Certains le voient comme un homme de droite ultra libéral. « Je suis pour la solidarité et non la générosité. La gauche nourrit un esprit de dépendance », se défend-t-il. Autonomie, responsabilité et liberté, c’est son crédo. « Je demande aux jeunes s’ils préfèrent percevoir le RSA ou avoir un CDI. Ils me répondent un CDI. Je leur dis encore, s’ils préfèrent être en CDI ou chef d’entreprise. Ce dernier l’emporte. Il faut dépasser l’idée que les jeunes ne veulent pas se lever le matin pour aller travailler. »