5ème Y’a bon Awards : sous la gauche, les dérapages racistes continuent

Le 14-06-2013
Par Presse & Cité

On aurait aimé que l’ambiance redevienne « normale » grâce au Président normal. Il n’en est hélas rien. Certes, la tête de l’Etat ne donne plus le « la » en matière de dérapages, comme sous l’ère Sarkozy-Hortefeux-Guéant. Les Indivisibles nous ont cependant offert un nouveau florilège des dérapages médiatiques des plus frappants. Tant qu’il y a du raciste, il y a de l’Indivisible. 

 
Pourtant, le nouveau ministre de l’Intérieur Manuel Valls veille à préserver une certaine « continuité républicaine » du discours douteux entre la droite et la gauche : « Les Roms ont vocation à rester en Roumanie ou à y retourner », déclarait-il ainsi à la presse au mois de mars dernier. Il reste certes loin du niveau de bassesse des autres déclarations tonitruantes de l’année 2013 que les Indivisibles s’échinent à relever tout au long de l’année : « Quand je vois un barbu en djellaba qui traverse au feu rouge, j’ai envie d’accélérer » (Franck Tanguy, chroniqueur à RMC) ; « Effectivement, je suis islamophobe » (Véronique Genest, actrice) ou encore « Les casseurs sont des descendants d’esclaves (…), Taubira va leur donner des compensations » (Jean-Sébastien Viallate, député UMP du Var). Ou encore le Y’a bon award, bien mérité, remis à Elisabeth Lévy (responsable du magazine « Causeur »), « pour l’ensemble de son œuvre ».
 

Bonne ambiance, malgré tout

Reste que, malgré la bonne humeur persistante des organisateurs et animateurs de la rencontre, parmi lesquels l’excellent Raphäl Yem (de Canal Street), le malaise est bien là : depuis cinq ans, les bananes d’or remportées par les lauréats défilent, et rien ne semble trop changer dans le discours de certains… Alors, jusque quand la « fête des racistes » doit-elle continuer ? La question n’est pas nouvelle, déjà SOS Racisme se la posait dans les années 80… Et si les méthodes se ressemblent, entre les deux organisations, le discours et les cibles évoluent (les Indivisibles luttent contre l’islamophobie, combat sur lequel SOS Racisme est beaucoup plus laxiste… pour ne pas dire complaisant). 
 

Featuring de l’Express

Certes, nouveauté : la courageuse prestation de Christophe Barbier, qui avait obtenu un trophée en 2012, qu’il est venu chercher cette année sous les huées (d’autant qu’il défendait les nombreuses couvertures de son magazine, l’Expresse, mettant en cause l’Islam). On regrettera cependant qu’aucun débat n’ait pu être mené en réponse à son obstination, ce qui nous aurait permis d’espérer que ce type de couvertures ne seront pas à nouveau mises en avant en conférence de rédaction dès le lendemain de la prestation scénique du directeur de la rédaction à l’écharpe rouge… 
 
D’où un questionnement : rire c’est bien, l’esprit Canal + fait venir pas mal de jeunes, notamment des quartiers et des minorités, qui ne sont pas des militants chevronnés ; mais ne faut-il pas dorénavant monter en gamme : poursuivre pénalement les auteurs de certains de ces dérapages ? Ou à tout le moins, se donner les moyens de mener des controverses avec eux ?
 
 
Moments choisis
 

 
 
Erwan Ruty (Texte)
Charly Célinain (Vidéo)
 
 
 
 

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