La mairie d'Arcueil, un exemple de démocratie participative.

Le 06-02-2013
Par Charly Célinain

Depuis plus de dix ans, Daniel Breuiller (EELV) et son équipe ont placé les habitants de la ville d’Arcueil au cœur du processus de décision concernant les aménagements publics. 

 
Depuis le milieu des années 90, la municipalité d'Arcueil est composée d'une majorité de gauche plurielle. A cette époque, la ville avait déjà instauré un droit de pétition, prenait en compte les conseils de quartier. Daniel Breuiller arrive à la tête de la mairie en 1997, et c'est deux ans après qu'il envoie un signal fort aux Arcueillais. En décembre 1999, le conseil municipal organise un référendum local sur le projet d'urbanisme des Portes d'Arcueil. Un référendum « illégal » puisque tous les arcueillais, quelle que soit leur nationalité, sont invités à voter. Depuis cet événement, la vie des habitants d'Arcueil a considérablement changé.
 

Les habitudes 

Aujourd'hui à Arcueil, la population est régulièrement sollicitée par référendum pour donner son avis sur l'organisation, l'aménagement du quartier ou même la réhabilitation des immeubles. « Les habitants se sont assez vite pris au jeu. Les nouveaux arrivants sont assez étonnés, mais pour les anciens c'est devenu normal » nous explique Maxime Baldit, directeur de cabinet de Daniel Breuiller. Ce dernier analyse la réussite de cette politique de manière très pragmatique : « Pour que ça marche, il faut que les gens voient un vrai enjeu. S'ils savent que leur avis va compter et que l'enjeu est clairement identifié, ils participent. » Cette vague citoyenne a bien entendu ses limites : « Les gens sont intéressés par leur quotidien. Malheureusement il n'y a pas de dynamique vertueuse pour les élections au niveau national. » Ils n'auraient donc pas pu voter en faveur du droit de vote des étrangers, s'il y avait eu un référendum...
 

Le Chaperon Vert 

L'exemple de l'opération de destruction-reconstruction de cité Chaperon Vert est un cas d’école : « Le collectif de relogement, constitué de plusieurs dizaines d'habitants, a travaillé avec la ville, les HLM et le bailleur pour créer une charte de relogement. Une dizaine d'habitants, choisis par leurs confrères sans que la ville n'intervienne, a signé cette charte. Le relogement va se poursuivre pendant 18 mois. Et la dizaine d'habitants signataire de la charte fait partie de la commission d'attribution des nouveaux logements », explique le directeur de cabinet de M. Breuiller. Une méthode qui aurait suscité l’attention au-delà du seul niveau local : « Lors des renouvellements des contrats urbains, nous prenons en compte l'avis des gens, leur expertise d'usage. Le gouvernement s'intéresse à Arcueil de ce point de vue, parce que les institutions deviennent plus exigeantes dans le choix des mutations urbaines. Par exemple, la région a élaboré certains critères qui montrent la volonté des financeurs institutionnels d'obliger les élus à associer les habitants aux différents projets urbains ». 
 
Une pierre de plus dans l’élaboration d’une nouvelle manière de faire de la politique avec les habitants, tel que le recommandait déjà le sociologue Jacques Donzelot dans son rapport à Terra Nova (« Banlieues et quartiers populaires : remettre les gens en mouvement »), et tel que le ministre délégué à la Ville, François Lamy le préconisait dans ses cinq « recommandations » le 31 janvier dernier : « La co-construction avec les habitants » ?
 
 
 

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