Logement au Petit-bard (Montpellier) : « Rien n'a changé ! »

Le 15-01-2013
Par Charly Célinain

Les travaux on sait quand ça commence, on ne sait pas quand ça se termine. Expression qui colle parfaitement au quartier du Petit-Bard à Montpellier. Ses habitants peuvent attester que leur quartier est en    « rénovation » depuis... 8 ans.

 
Cette histoire remonte déjà à juillet 2004. Un incendie dans une cage d'escalier, un mort. C'est le point de départ de la lutte de tout un quartier pour le relogement des habitants de la partie sinistrée. En 2005, à force de combats et de mobilisations, une première convention de rénovation urbaine est signée. Une victoire ? Pas vraiment, parce que ce sont les tractations politiques qui ont pris le relais. En 2010, pendant que tout ce petit monde se disputait, un nouvel incendie a éclaté dans le même immeuble. Re-mobilisation des habitants, en trois mois 27 habitants relogés. Une victoire ? Pas vraiment...
 
Le bailleur profite du financement alloué au relogement, mais ne fait rien

La rénovation au point mort

Janvier 2013. Khalid El Hout, membre de l'association Justice pour le Petit-Bard, ne peut que constater : « Rien n'a changé ! » La rénovation du quartier est au point mort. Depuis l'incendie, le deuxième, seul le bâtiment A, bâtiment sinistré deux fois, a été démolit. Une deuxième tour insalubre pourrait être détruite, il s'agit de la tour H, située au centre du quartier : « Il reste encore une quarantaine de familles dans cette tour. Mais il y a de gros problèmes de relogement avec le bailleur social ACM (Aménagement et construction de Montpellier), qui est l'ancienne OPAC de Montpellier. ». De sérieux problèmes même puisque, en 2011, l'ANRU (Agence nationale pour la rénovation urbaine) a jugé bon de commander un rapport dont les résultats montrent clairement  les « faiblesses » de l'ACM : « L’objectif de 12 relogements par mois affirmé depuis le début de l’opération n’a jamais été atteint. On est donc sur un rythme deux fois inférieur à celui souhaité » (MidiLibre.fr 23/03/2011). Mais malgré les avertissements de l'ANRU, peu de choses ont bougé. « Le bailleur profite du financement alloué [par l’ANRU, notamment, NDLR] au relogement, mais ne fait rien », constate un Khalid amer.
 
Cet affrontement cristallise surtout une guerre ouverte entre les  frêchistes et les anti-Frêche. Tout le monde veut la place de Frêche (Georges). Il n'y a pas de cohésion. Chacun roule dans son propre carrosse !

Fight entre l'ACM et l’OPAC

« Georges Frêche n'a jamais voulu faire cette rénovation, et sa femme, Claudine Frêche, non plus. Le problème, c'est que la ville n'a pas la main sur le bailleur ». Claudine Frêche, qui n'est autre que la directrice générale de l'ACM, brigue également la mairie. On comprend aisément pourquoi il existe une certaine tension entre madame Frêche et madame Hélène Mandroux, actuelle maire de Montpellier. Cet affrontement cristallise surtout une guerre ouverte entre les « frêchistes » (pro-Frêche) et les anti-Frêche, qui redouble d'intensité avec les élections municipales de 2014. « Tout le monde veut la place de Frêche (Georges). Il n'y a pas de cohésion. Chacun roule dans son propre carrosse !» tacle Khalid El Hout. Et comme souvent dans ces cas là, les grands perdants sont encore et toujours les habitants : « On a vu la maire, on a vu l'agglo (ACM), rien ne bouge. On a demandé un arbitrage de la préfecture, rien ! » se désespère le membre de Justice pour le Petit-Bard.
 
Pour l'instant, nous sommes ignorés, mais avec les élections municipales, le Petit-Bard va ressortir de tous les côtés ! De plus en plus de locataires sont sous la menace de mesures d'expulsion, et parallèlement on constate une augmentation de marchands de sommeil

En attendant les élections 

« Le problème c'est que l'humain n'est jamais pris en compte. Tout ça, ce sont des opérations financières, il n'y a aucune vocation sociale ! » accuse Khalid El Hout, avant d'ajouter : « Pour l'instant, nous sommes ignorés, mais avec les élections municipales, le Petit-Bard va ressortir de tous les côtés ! » Et l'effet magique des élections ne tarde pas à agir, comme nous le confirme Khalid : « La réhabilitation de bâtiments a été relancée, mais c'est du vite fait, une petite couche de peinture pour les élections. Seuls six bâtiments sont concernés, c'est un cache-misère ». Avec de telles difficultés pour se reloger, les habitants du Petit-Bard font face à une offre imprévue : « De plus en plus de locataires sont sous la menace de mesures d'expulsion, et parallèlement on constate une augmentation de marchands de sommeil ». 
 
Toutefois, tout n'est pas complètement négatif : début janvier, l'association Justice pour le Petit-Bard a été reçue au Ministère de la Ville. François Lamy, Ministre de la Ville, se serait engagé à venir au Petit-Bard en février. Dans la foulée, le mois suivant, c'est Naïma Charaï (Présidente de l'Acsé) et Cécile Duflot (Ministre de l'Egalité des territoires et du Logement) qui devraient débarquer dans ce quartier de Montpellier. Une Victoire ? A confirmer...
 
 
 
 

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