
Moi président... je ferai un club de basket à l'Île-Saint-Denis

Le sport, c’est la santé et ça peut aussi être la citoyenneté. Les associations sportives ont toujours été l’un des piliers de l’éducation populaire. Ils sont encore nombreux, ceux qui se bagarrent autant sur les parquets des gymnases et terrains de sport, que pour leur ville.
« Je suis président d'un tout petit club de basket » c'est ainsi que se présente Jean-Luc Libert, président du club de l'Île-Saint-Denis. Une fonction à laquelle ce passionné de basket n'était pas forcément prédestiné ni préparé : « Je suis arrivé là par pur hasard, j'avais terminé mon école d'architecture et je suis arrivé deux, trois ans après sur l'Île-Saint-Denis. J'avais envie de me remettre un petit peu au sport, je suis rentré dans un gymnase, et le gardien il me dit "il n'y a plus de basket depuis l'année dernière, mais le créneau est toujours là et tu devrais ré-ouvrir la section" alors que le gardien ne me connaissais pas du tout ! ». Voilà maintenant sept ans que le jeune homme a pris le gardien au mot et dirige le club. Dans ses années fastes le club a compté jusqu'à 150 adhérents. Et malgré les maigres subventions le président a réussi quelques faits d'armes.
Manque de moyens
« Ils étaient investis, parce que c’était leur projet »
« 1000 euros de subventions par an ! », c'est le montant des perçu par le club, et pourtant les jeunes basketteurs ont pu faire plusieurs déplacements à l'étranger. Ces derniers sont donc allés marquer des paniers au Maroc, mais aussi aux Etats-Unis où ils ont pu assister à un match au Madison square garden à New-York, véritable Mecque des adorateurs de ballon orange. Pour rendre de tels voyages possibles, les subventions étant très réduites, les adhérents ont dû donner de leur personne : « La recherche de financement a été faite par les gamins. Ils faisaient des ramassages et des tris de déchets dans la ville ; pendant la période d'hiver ils ont guidé les gens sur les magasins dans un grand centre commercial, Quai des marques. On a tenu des buvettes, on a tenu pas mal de choses et ça nous a permis de collecter un certain nombre de sous, plus les subventions d'état qu'on a pu injecter dans le coût des billets » précise Jean-Luc Libert, qui ajoute « C'est moi qui les ai guidés, mais comme ils étaient dans le cœur de l'action, ils étaient investis, parce que c'était leur projet ».
Un avenir incertain
« Je me suis dit que cette action était fédératrice et qu'elle allait permettre à chacun de prendre ses responsabilités. Et que tout ne soit pas concentré sur une personne ou deux, que ce soit une entité homogène mais en fait je me suis trompé. » nous confie le président, entre déception et lassitude de devoir quasiment tout faire tout seul. Aujourd'hui son rôle dépasse celui d'un simple président : « on a réussi à trouver du boulot pour deux, trois jeunes... en fait on est vraiment un réseau social pour ces jeunes là mais, du coup, on est aussi beaucoup sollicités par la ville ». Avec peu d'argent et peu de ressources humaines pour l'aider dans sa tâche, Jean-Luc Libert souhaite du changement : « C'est pas que j'ai envie de lâcher, c'est que j'ai envie que ça fonctionne autrement ! »
En ce moment, tout le monde est sur le pied de guerre pour organiser la troisième édition du All Star Game, compétition de basket regroupant les meilleurs clubs d'Ile de France, qui a lieu début juillet. Le club de l'Île-Saint-Denis continue de vivre mais pour combien de temps...