
Qui sont ces autres « Français de souche » ?

Cette expression est souvent prononcée du bout des lèvres et encadrée par de réconfortants guillemets. Elle n'est finalement assumée que du côté des extrêmes. Et si on ouvrait grand la bouche pour ne plus les laisser jouer seuls avec ce terme et ainsi se le réapproprier ?
En bon adepte de la culture hip-hop qui aime à twister la forme et le sens des mots et expressions, Nadir Ioulain a choisi d'appeler son premier film documentaire « Français de souche ». Le réalisateur/producteur nous livre là une interprétation très particulière de cette expression. Il a interviewé militants associatifs, sociologues et politiques autour la question de l'identité nationale. Le propos est unanime : ras-le-bol d'entendre parler d'intégration. Et si nous étions tous des « métisses de souche » ?!
Nadir Ioulain travaille sur son premier documentaire depuis 2010, « quelque temps avant la création du Ministère de l'immigration et de l'identité nationale », jure-t-il. Un côté visionnaire sûrement mais quelque peu handicapé par une production indépendante. « Français de souche » pourrait sortir des tiroirs pour voir le jour sur le petit écran, du côté du service public. Et sur grand écran, dans quelques salles d'art et d'essai parisienne. Mais rien n'est fait.
Nadir Ioulain essaie de détourner le sens de l'expression : Houria Boutedja, elle, tente une toute autre expérience : celle du noélogisme. C'était en 2007. Et on se souvient du boucan que cela avait provoqué. L'ancienne porte-parole du Parti des Indigènes de la République lâche le mot « souchien » et déclenche l'ire du journal Marianne et de Brice Hortefeux en passant par l'AGRIF, l'Alliance générale contre le racisme et pour le respect de l'identité française et chrétienne (proche de l'extrême droite). Aujourd'hui, elle assume mais modère en se dédouanant de toute tentative de mauvais jeu de mot.