
Coup de com’ réussi pour l’Appel à la résistance des femmes

Inspirées par rien moins que l'appel du Général de Gaulle, Olivia Cattan, présidente-fondatrice de Paroles de femmes, et Fadila Mehal, présidente-fondatrice des Marianne de la diversité, ont lancé, le 6 mars dernier, à l’adresse des candidats à la présidentielle, « l’appel à la résistance des femmes pour l’égalité », lors d’une soirée « Ce que veulent les Femmes ».
« Nous n'acceptons plus d'être considérées comme des minorités, nous n'acceptons plus cette politique du mépris. A la veille de l'élection présidentielle, devant les gouvernements qui se sont succédé, devant ces gouvernants immobiles, aux belles paroles pour si peu d'actes, nous demandons que justice et égalité soient rendues aux femmes », signent les deux présidentes dans le document remis aux participants à l’accueil. Les deux associations féministes ont prévu de présenter dix mesures pour améliorer la vie des femmes : précarité et logement, relations des femmes dans l’entreprise, violences faites aux femmes…
La salle est comble et fébrile, ce mardi soir à l’ESG à l’école de commerce dans le 11ème arrondissement de Paris. Objet de cette fébrilité : les nombreuses personnalités du monde politique et artistique attendues. Rama Yade, Christine Boutin, Chantal Jouanno, Corinne Lepage, François Hollande, les actrices Sylvie Testud, Macha Méril, pour ne citer que celles là. Beaucoup de journalistes, de cameras (comme celles du Petit Journal de Canal Plus) sont également présents. C’est le député Arnaud Montebourg qui a la lourde tâche d’ouvrir le bal. Pas d’envolées lyriques mais une allocution qui fustige notamment le manque de femmes au Parlement, « j’ai été reçu à Abu Dhabi par une femme voilée, qui était la vice-présidente de l’assemblée consultative qui compte 17% de femmes. La France est 65ème en terme de représentation des femmes (…) Résistance me semble le bon mot, nous avons besoin des femmes et pas seulement dans les circonstances exceptionnelles. »
Un aréopage de personnalités
Se succèdent ensuite à la tribune, plusieurs femmes responsables d’associations dont Lydia Guirous, présidente de Club Future au féminin, ou des chefs d’entreprises comme Sophie de Menthon, qui lisent des contributions pleines de bons sentiments sur l’une ou l’autre des propositions des organisatrices. Quelques voix s’élèvent pour prendre la parole dans l’assemblée. « Pas le temps », tranche l’animatrice - journaliste Catherine Ceylac, tant les intervenants prévus sont nombreux. Rama Yade, sur le départ mais rattrapée par Olivia Cattan herself, monte ensuite sur scène saluer « les femmes révolutionnaires en Tunisie, Egypte ». Elle ne semble pas avoir grand-chose à dire. Et cela contraste avec le discours plus nourri du candidat François Hollande arrivé plus tard : « Ce n’est pas un jour qui doit être dédié aux femmes mais chaque jour (…) Si jamais j’étais élu Président, je constituerais un gouvernement paritaire ! ».
Les femmes, un thème de campagne?
Il enfoncera le clou le surlendemain dans un mail envoyé aux militantes et sympathisantes PS : « En cette journée internationale de la femme, je souhaite exprimer ma solidarité et ma responsabilité envers toutes les femmes victimes de discriminations. En France, plus de 80% des temps partiels sont occupés par des femmes et leurs rémunérations sont inférieures à celles des hommes de 27%. Si nous l'emportons au soir du 6 mai 2012, je laisserai un an aux entreprises pour se conformer à la loi sur l'égalité salariale entre les femmes et les hommes sous peine de suspension des exonérations de cotisations sociales. » Et le candidat socialiste d’appeler à signer son appel en faveur de l'égalité Femmes-Hommes et de tenir dans la foulée hier un grand meeting à Reims sur le sujet. Pour un élu socialiste présent dans la salle, « Cattan a voulu faire un coup de force et montrer qu’elle était ministrable ».
En France, il existe cependant déjà deux lois en faveur de la parité [ndlr, la loi constitutionnelle de 1999 sur l’égalité entre hommes et femmes et la loi de 2000 sur l’accès aux mandats électoraux]. Et pourtant, encore seules 18,5% de femmes siègent à l’Assemblée nationale. 2012, l’année du changement ? Olivia Cattan et Fadila Mehal l’espèrent ! Mais pour des résistantes, rien de bien révolutionnaire sous le pâle soleil des présidentielles.
Nadia Hathroubi-Safsaf