
Féminisme et islam : mettons les pieds dans le plat !

Féminisme et Islam ! A l'occasion de la journée de la Femme, le jeune Institut des cultures d'islam (ICI) de la Goutte d’Or à Paris accueillait des figures engagées autour d'une approche particulière du féminisme, ce jeudi 8 mars. Une initiative du réseau HIA Network France.
L'ambition de cette discussion? "Donner la parole à toutes les femmes", s'exclame Tara Dickman, coordinatrice du projet. Et tant pis si l'expression surprend voire dérange, ce militantisme n'est pas l'apanage des féministes lambda, habituées aux colonnes des médias traditionnels. C'est en filigrane le point de vue de Tara Dickman. "Il y a un sous-entendu dans l'opinion publique qui oppose féminisme et islam." Se gardant bien de proposer un débat stérile, l'équipe a d'ailleurs sollicité Osez le féminisme… " qui n'a pas répondu à nos invitations ", constate Tara Dickman. Coïncidence ou refus d'associer l'islam au féminisme ? Difficile d'avancer une réponse. Reste que la thématique cristallise les désaccords. Parmi les invités, Mariame Tighanimine, co-fondatrice du webzine Hijab and the city. Selon elle, "il ne s'agit pas d'un sujet en soi… la problématique est mal tournée. Je m'intéresse davantage à la question du genre." Egalement invitée, Samia Allalou, chargée du fonds pour les femmes en Méditerranée. Journaliste algérienne, elle promeut la laïcité comme rempart, selon elle, pour protéger le statut de la femme…. Membre actif du réseau HIA Network France, Judith Ijtihad Lefèvre, convertie à l'Islam et co-organisatrice de l’événement, intervenait elle sur la nécessité de créer un dialogue entre les féminismes. Alors que Monique Crinon, présidente de l'Ipam (Initiative pour une autre monde), remarque justement que "la question de l'Islam crée un schisme dans les réseaux féministes." "Une pluralité des points de vue essentielle pour faire avancer le débat", souligne Tara Dickman. Des intervenantes, toutes liées aux mouvements féministes mais avec des motivations différentes… Une preuve qu'il n'y a pas UN mais DES féminismes. Pour autant, la ligne de fracture est nette. La question du voile est révélatrice de la vision étriquée de l'islam véhiculée par la plupart des réseaux militants. Un constat auquel souscrit Tara Dickman. "Nous nous battons pour la liberté des femmes, pas pour la définition de cette liberté". Il était également question de liberté à l'Institut du monde arabe. Le mouvement Ni Putes, Ni Soumises y organisait une journée dédiée aux "Femmes dans les révoltes arabes." L'occasion pour l'association de revenir sur leur rôle mais surtout d'entrevoir leur place dans ces démocraties en devenir.
N. H-M.
*HIA Network France est une association dʼétudiants et de jeunes professionnels passionnés par les enjeux liés à la diversité et à lʼégalité des droits.