Terrorisme : « Quels relais n’ont pas fonctionné ? »

Le 20-01-2015
Par Erwan Ruty

C’est la question que posait Hervé Gardette, de l’émission du Grain à moudre, de France culture, lundi 19 janvier. Les lanceurs d’alerte n’ont pas été entendus. Pourquoi ? Presse & Cité y était, avec Farid Abdelkrim, Axiom et Houria Sehili. Et se retrouve dans ce questionnement : qu’est-ce que nous avons raté, pourquoi ne sommes-nous pas entendus? Extrait et commentaire.



Axiom : « Les gamins sont sur Internet, pas sur la presse et la télé, vous avez une profusion de sources, et vous n’êtes pas formé pour y faire fasse à la déconstruction des sources. Il y a plein de vérités et de contre-vérités… Il faut faire le distinguo, c’est pas évident. (…) Les personnes qui travaillent dans ce champ-là avaient alerté il y a très longtemps, sauf que le temps que ça soit émerge, que ça soit compris, que le résultat soit vu, ça prend du temps ; il y a des experts qui ont des solutions, des alternatives (…) Le milieu associatif était un vrai rempart, mais il a été décimé… »


Changer la presse


Ainsi, concernant la presse, premier canal par lequel les lanceurs d’alerte pourraient être entendus, espérons donc que cette presse, pour une fois, répondra à la main qui lui est tendue par lesdits « lanceurs d’alerte ». Qu’elle participera plus régulièrement aux rares espaces de dialogue existants dans son univers (comme les Assises internationales du journalisme), espérons que les émissions dédiées aux quartiers ne seront plus supprimées (comme Microscopies, sur RFI, en 2010), espérons que les nouveaux venus compétents sur la question des banlieues (comme Bruno Laforestrie, directeur du Mouv’ depuis 2013) seront entendus et sauront proposer un projet d’ampleur pour changer la ligne éditoriale de leur chaîne, espérons que les tribunes envoyées à la presse par les acteurs des quartiers seront moins systématiquement retoquées, espérons que des partenariats se créeront entre petits et grands médias, pas seulement en matière de recrutement de journalistes et acteurs des quartiers, mais aussi et surtout de réflexion autour de leur ligne éditoriale, afin que ces médias prennent en compte, enfin, le quotidien des 10 millions de français des quartiers. Espérons enfin que les centaines de milliers d'euros d'aides à la presse des quartiers, supprimées en 2012 par la gauche quand elle est arrivée au pouvoir, seront rétablies. Et que les aides globales à la presse seront ré-équilibrées.


Petit florilège des aides à la presse écrite

A ce titre, il est utile de rappler certains montants d'aides à la presse, en 2013.
Télé-loisirs, 4 millions d’euros, Télécable satellite 3 millions, Télé 2 semaines, 3,5 millions, Télé Z, 3,5 millions, télé star, 5 millions, Télé 7 jours, 7 millions, Télé poche, 4,5 millions, Télé 2 semaines, 1 million, Télé Grandes chaînes, 1 million…

Le journal de Mickey, 500 000 euros.
Voici : 400 000. Gala : 500 000. Closer : 500 000.
France footbal : 500 000.
Le journal des finances : 300 000. Intérêts privés : 230 000 euros d’aides publiques.
Auto-moto : 300 000. Moto verte : 167 000. Moto mag : 173 000.
Le chasseur français et Nous deux (presse “de charme”): 354 000.
Maison créative, Rustica, Paysan breton, Polka mag : 300 000.
Le New York Times, The economist : entre 200 et 450 000.
Prions en Eglise : 377 000.
Présent : 384 000. Valeurs actuelles : 1 million.

Politis : 0 euros. Le Monde diplomatique : 0 euros.
Bondy blog : 0 euros. Presse & cité : 0 euros (ces deux derniers médias ne perçoivent que des aides liées à la politique de la ville : Acsé notamment)

Cela se passe de commentaire. La diversité existe, et elle est abondamment soutenue ! De quoi se plaint-on ?!

 

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