« Stop le contrôle au faciès », le collectif se mobilise - Afriscope

Le 09-09-2011
Par xadmin

Il y a deux ans, une étude [1] mettait les pieds dans le plat : à Paris, les Noirs et les Arabes courent respectivement six et huit fois plus de risques que les Blancs de se faire contrôler par la police. De nombreux contrôles ne se fondent que sur l’apparence et non sur un comportement suspect. Pour mettre fin à cette pratique délictueuse, le collectif « Stop le contrôle au faciès » multiplie les actions.

Cette mobilisation contre le contrôle au faciès compte deux fronts. Un front juridique tout d’abord : un collectif d’avocats se mobilise bénévolement depuis un an pour dénoncer l’inconstitutionnalité du contrôle au faciès. La technique : le dépôt de « questions prioritaires de constitutionnalité » (QPC) démontrant au Conseil constitutionnel le flou de la loi [2] et le pouvoir discrétionnaire des agents de police.  par Noémie Coppin [ lire la suite].

 

Axiom : « un enjeu républicain »

 

Axiom est rappeur, connu pour sa lettre au Président en 2006 juste après les révoltes urbaines. Il est alors porte-parole de l’association ACLE FEU. Aujourd’hui, il est président de l’association Norside, membre du collectif « Stop le contrôle au faciès ».

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Pourquoi êtes-vous mobilisé contre les contrôles au faciès ?

Toutes les révoltes des quartiers sont parties de contrôles qui ont dérapé. La question des contrôles est liée à l’exclusion et aux inégalités de traitement. En 2006, je me suis engagé au sein d’ACLEFEU pour un tour de France des quartiers. Le but était de dresser des cahiers de doléance : on a recueilli 120 propositions des habitants sur leurs préoccupations principales. La toute première, avant même l’emploi, le logement, c’était le contrôle d’identité. Ce qui démontre à quel point il y a urgence sur la question. J’avais alors fait une proposition d’un « contrôle du contrôle » : l’idée d’un récépissé, contresigné par le policier et par le contrôlé, comme lors d’un PV classique, permettant un éventuel recours en cas d’abus.

Comment sont vécus ces contrôles d’identité par les jeunes que vous rencontrez ?

Il y a deux types de contrôles : dans le quartier, en bas des tours, les jeunes qui squattent se font contrôler par des flics qui les connaissent très bien. Le contrôle ne sert qu’à établir un rapport de force ou à les arrêter pour un joint. Si on veut endiguer le commerce parallèle, il faut s’y prendre autrement. Les autres se font en ville, dans les gares, avec de véritables check-points. Alors que le contrôle est sensé avoir lieu en prévention d’un crime ou d’un délit, la police a pris l’habitude de le faire à tout va. Quand vous êtes contrôlé systématiquement, plusieurs fois par semaine, ça crée des déformations, une impression de rejet en permanence. Les contrôles d’identité au faciès constituent une entrave à la liberté de circulation d’une partie de la population : les minorités visibles. Aux états-Unis, on appelle ça de l’apartheid.

N’est-ce pas difficile, sur le terrain, de convaincre les jeunes concernés qu’ils peuvent se battre contre cette pratique ?

Ce qu’on voit, c’est une jeunesse qui en a assez. Qui ne demande qu’à être respectée, reconnue, qui attend sa place dans la société, avant même la reconnaissance d’autres problèmes. Qui ne demande qu’à ce que la loi soit respectée, que les principes des droits de l’Homme soient appliqués. La question du contrôle d’identité fait partie d’un combat pour l’égalité au sens large : en cela, c’est un enjeu républicain.

Propos recuillis par Noémie Coppin

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