Salah Amokrane (Toulouse) : « La gauche n’a même pas fait campagne dans les quartiers »

Salah Amokrane
Le 07-04-2014
Par Erwan Ruty


Au second tour, abstention : 42%. Jean-Luc Moudenc (UMP) : 52%. Pierre Cohen (PS, sortant) : 48%. La gauche n’aura tenu qu’un mandat, alors que la droite occupait traditionnellement la mairie. Trois questions à Salah Amokrane, responsable du Tactikollectif, présent notamment dans le quartier populaire des Izards… qui a lui-même basculé à droite.

 

P&C : Alors que d’autres quartiers populaires comme Bellefontaine, La Reynerie ou Empalot ont quand même voté à gauche, mais avec plus de 50% d’abstentions… D’autres quartiers plus mélangés en terme d’habitat, au Sud (Papus…), ont basculé à droite. Que s’est-il passé ?
SA : Les habitants des quartiers ne se sont pas sentis considérés par celle-ci, et pourtant, il y avait beaucoup d’échanges et de débats sur le terrain, entre les gens, très axés sur le local. Mais cette parole n’a pas été écoutée. Comme si leur parole n’avait pas de valeur. Après la dynastie Baudis-Douste Blazy, et une victoire à 1000 voix près aux précédentes municipales, que les quartiers tiendraient une place importante dans le dispositif de la gauche. Il n’en a rien été, la gauche n’y a même pas fait campagne. Cela a provoqué une très forte déception. Du coup, on a parfois 10% d’écart en faveur de la droite dans ces quartiers ! Il y a toujours la conscience dans les classes populaires que la gauche est plus attentive à elles…



P&C : On a même l’impression que les listes alternatives, comme « Toulouse en marche » avec Ahmed Chouki, avec parfois une forte dimension « quartiers populaires » (des habitants du Mirail et des militants du NPA), n’ont pas eu de succès…
SA : Là où ces listes ont pu faire campagne, compte tenu de leurs moyens limités, comme au Mirail, elles arrivent à 5 voire 10%. Mais globalement, sur toute la ville, on reste à moins de 2%... mais si les électeurs n’ont pas voté pour eux, les habitants ont quand même beaucoup de bienveillance.



P&C : Quelles sont les nouvelles questions sur lesquelles pourraient se mobiliser ces quartiers ?
SA : En matière de culture, on a encore une présence aux Izards, d’autre sont actifs en matière de sport. C’est très comparable à un engagement politique. L’un peut même mener à l’autre. C’est à partir de la vie quotidienne qu’on peut mobiliser. Mais au niveau national, c’est vrai qu’une partie de la population ne se reconnaît pas dans le débat politique traditionnel.



Toulouse, les résultats (carte interactive de France télévisions – France3)

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