RFI : pas de place pour les « Mis au ban »

Le 25-11-2010
Par xadmin

Convoqué le 7 septembre par sa direction, Edouard Zambeaux, journaliste et producteur de l’émission Microscopie sur RFI s’entend dire que « la thématique de la banlieue française ne mérite pas 47 minutes d’antenne hebdomadaires » sur les ondes de la radio. L’émission, qui existait depuis 8 ans et dont le credo était de « partir du détail pour arriver à voir les conséquences humaines de situations ou de débats qui ne sont bien souvent évoqués que dans leur globalité», a été supprimée le 31 octobre 2010.

La faible audience souvent invoquée dans la suppression des émission n’est pas en cause : « L’audience est dure à évaluer sur RFI assure Edouard Zambeaux. Mais on ne m’a jamais dit que j’avais une mauvaise audience ». La qualité non plus, des reportages de l’émission ayant reçu le prix Stop aux Clichés en 2008 et tout récemment le prix Goretta de la Radio Suisse Romande.

Complémentaire de l’émission beaucoup plus courte du journaliste sur France Inter, Périphéries, Microscopie avait le mérite de prendre le temps de traiter l’information : un enjeu essentiel en termes de qualité souligné pendant les Assises du journalisme qui viennent de se dérouler à Strasbourg. « La différence réside surtout dans le format. Avec 47 minutes on avait plus de 20 minutes pour rebondir sur le reportage. Ca laisse la place pour une analyse et un décryptage, un côté plus réflectif ».

Malgré l’allégation de la direction, l’émission était loin de traiter de « la banlieue » au sens stricte du terme. En témoigne le prix de la radio suisse pour un reportage sur la sexualité des handicapés. « Ca révèle peut-être ce que recouvre le mot banlieue aujourd’hui » constate le journaliste : un sens à retrouver dans l’étymologie du mot, qui renvoie aux territoires et aux populations « mis au ban », à la marge de la société, visiblement de moins en moins à leur place sur les ondes du service public.

« Je ne conteste pas la décision en elle-même, précise Edouard Zambeaux. Le rôle d’une direction c’est de diriger la vie d’une radio. Et donc de supprimer certaines émissions, en créer d’autres. Ce qui m’étonne le plus c’est un diagnostic de cette nature, qui pour le moins manque de clairvoyance (…) Pour moi c’est une faute journalistique ».

Faible consolation pour l’intéressé, une Tribune sur lemonde.fr avec « Une cinquantaine de signataires, pas anecdotiques (entre autres les sociologues Laurent Muchieli et Eric Fassin, l’historien Pape n’Diaye ou encore Henri Leclerc, président d'honneur de la Ligue des droits de l'homme), des gens connus pour réfléchir sur ces questions ». De quoi l’encourager à ne pas lâcher l’affaire : « j’ai des projets qui consisteront à continuer de travailler sur ces thématiques ».

Yannis Tsikalakis
 

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