Quel nouveau message envoyé aux banlieues par madame Vallaud-Belkacem ?

Extrait d'une affiche de la campagne "Le gouvernement vous apporte des solutions"
Le 30-04-2014
Par Erwan Ruty

La nomination de Manuel Valls n’a pas rassuré des quartiers qui se sentaient déjà délaissés depuis quelque mois. Les priorités du premier ministre (le budget), la quasi disparition du ministère de la ville, le flou qui entoure le projet de Najat Vallaud-Belkacem y contribuent. Et les dernières statistiques déplorables sur les périphéries n’arrangent rien… le refuge serait-il dans la culture ?

 

Valls et Hollande font rire 30 associations de banlieue

Les plus radicaux sont réunis au sein d’un collectif aussi jeune que la nomination de Manuel Valls à Matignon : de Ac le feu à Jeudi Noir en passant par Stop le contrôle au faciès, les Indivisibles, le Cran, Banlieues +, Cité en mouvements, le CCIF, Mamans toutes égales ou encore Balle au centre, bon nombre de membres de cet écosystème émergent des jeunes associations de banlieue se reconnaissent dans la provocante campagne du collectif : proposer une nouvelle campagne de com’ au Président de la République sur le thème « Le changement, c’est maintenant » (changer de couleur de peau, d’âge, etc, etc). Le tout dans le cadre de la journée internationale du rire : « Nommer chef du gouvernement le seul qui s'est opposé à la lutte contre le contrôle au faciès, celui qui a profondément divisé la gauche en clivant sur à peu près tous les sujets sociétaux, et celui qui, rappelons-le, n'a fait que 5% des voix aux primaires de son parti... trop fort ! » ironise ce collectif.


Des statistiques effroyables


Mais la réalité est bien moins drôle, même quand on est dans le second degré : quelques chiffres récents rappelaient que la réalité de l’austérité était bien là, quand bien même les décideurs s’en défendraient : l’activité des femmes dans les ZUS est dorénavant de 58%, contre 78% chez les hommes, comme l’a révélé une note de l’Observatoire national des ZUS. On y constate aussi une « nette dégradation de l’emploi des jeunes ». Et rappelons que par exemple, le taux de pauvreté touche 52% des 840 000 réunionnais…

 

Un agenda de la ministre de la ville sans saveur


On s’étonnera donc de lire, dans le récent courrier aux maires des villes de banlieue de la nouvelle ministre des droits des femmes, de la ville, de la jeunesse et des sports (on a envie de rajouter : et des chiens écrasés), au hasard, que « la première cause des difficultés des quartiers, c’est la tentation de l’entre soi ». Les bras nous en tombent de lire ce type de phrase, dont on espère qu’il ne s’agit que du dérapage d’un obscur conseiller technique, qui se glisse entre deux saillies volontaristes et quelques envolées positivant les 15 000 emplois d’avenir embauchés dans les ZUS, la progression de la péréquation financière entre villes riches et pauvres ou les 5 milliards du prochain programme de rénovation urbaine…



Heureusement, les associations, échaudées par les échecs du premier gouvernement nommé par François Hollande à leur endroit, semblent avoir décidé de se prendre en main : la coordination citoyenne « Pas sans nous » née du rapport Mechmache-Bacqué en témoigne, qui s’organise depuis des semaines avec plusieurs dizaines de structures de tout le territoire. Pas sûr que l’avenir des quartiers soit entre les seules mains de leurs associations, tant l’activisme culturel et économique semblent dorénavant motiver prioritairement les habitants. Mais pas sûr que cela se fera néanmoins sans ces assos traditionnelles. Surtout si elles parviennent enfin à se constituer en « syndicat des banlieues ».


 

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