Promesses gouvernementales : « Harlem Désir n'était pas au courant ! »

Le 26-02-2013
Par Charly Célinain

Le 11 février dernier, M. Harlem Désir, ancienne figure de SOS Racisme aujourd’hui à la tête du Parti socialiste, recevait un groupe d'associations antiracistes. L'occasion de faire un point sur les engagements de campagne de François Hollande. Après six mois d'exercice du pouvoir, il semblerait que quelques résolutions se soient perdues en cours de route...

 
Parmi les associations reçues, nous retrouvions le CRAN (Louis-Georges Tin), le Mouvement pluricitoyen (initié par François Durpaire), République et diversité, Solidarité Africaine de France ainsi que les associations membres du Collectif contre le contrôle au faciès (la Brigade antinégrophobie, Cité en mouvement, HIA Network France, les Indivisibles et Norside…). Face à cette armada, il semblerait que Harlem Désir ait eu du mal à expliquer les choix du gouvernement. Gilles Soukoudjou, président des Indivisibles, nous éclaire sur la teneur de cet entretien marqué par les « trous de mémoire » du premier secrétaire du PS...
 

« Bousculer cette léthargie »

Avec les espoirs qu'avait suscitée l'élection de François Hollande, le Parti socialiste était attendu au tournant. Plus de six mois après les présidentielles, les belles promesses du candidat Hollande se seraient-elles évanouies dans la nature ? Les associations invitées à rencontrer le Premier secrétaire du PS étaient décidées à « bousculer cette léthargie ambiante », assure le président des Indivisibles. Encore une fois, le résultat n'a pas été à la hauteur des attentes : « Pour le contrôle au faciès, nous n'avons pas trouvé d'accord. Concernant les réparations liées à l'esclavage, M. Harlem Désir n'était pas au courant... » Pas au courant d'un dossier qui pourtant a fait couler beaucoup d'encre, pas plus tard qu'en octobre dernier : le 12 octobre, en effet, Matignon se disait ouvert à une forme de « réparation » liée à l'esclavage. Deux jours plus tard Najat Vallaud-Belkacem corrigeait le tir sur Canal+ : « C'est de réparation morale que l'on parle, et c'est de la capacité de notre pays à reconstruire l'avenir ». Louis-Georges Tin, président du Conseil représentatif des associations noires de France, ne se s'est d'ailleurs pas privé de rappeler cet épisode à M. Désir, mais il semblerait que le PS ne soit pas « raccord » sur cette question...
 

Droit de vote pour les étrangers ?

Concernant le droit de vote des résidents non-communautaires, les différentes associations avaient fait le forcing pour mettre cette loi en place avant les municipales de 2014. Vraisemblablement, ce ne sera pas le cas : « Pour des raisons techniques. Il faut modifier la Constitution, c'est compliqué » rapporte Gilles Soukoudjou de cet entretien, avant de poursuivre : « Il faut prendre le temps, c'est une loi importante. De plus si ça échoue, personne ne voudra retenter de la faire passer, parce que ça impliquerait de gros risques politiques ». Une loi qui ne devrait donc pas passer tout de suite… si tant est qu’elle passe un jour. Une brèche dans laquelle s'est engouffré un Harlem Désir très concerné : « Nous ferons tout pour que ça se réalise ! » Gilles Soukoudjou propose une lecture fataliste de ce soutien : « Il est pour, c'est normal… puisque la loi n'a aucune chance de passer ! »
 

Sanctionner le gouvernement aux municipales

Le gouvernement a reculé sur beaucoup de promesses, dont celle concernant le récépissé pour combattre les contrôles au faciès. Début juin 2012, le premier Ministre Jean-Marc Ayrault disait au micro de BFM (01-06-2012) : « C'est important de ne pas contrôler trois fois la même personne (...) c'est une mesure que l'on va faire mais qui n'a rien d'extraordinaire, ça se fait ailleurs ». Ce qui est extraordinaire, par contre, c'est que  trois mois plus tard, sur les « conseils » du Ministre de l'Intérieur Manuel Valls, l'idée du récépissé est gentiment mise de côté... Le président des Indivisibles s'y attendait : « C'était prévisible, je ne suis pas surpris par ce retournement » ; mais il reste combatif : « Une association doit informer, il faut que les gens soient au courant ». Avant d'avertir : « le meilleur moyen de sanctionner le gouvernement, c'est lors des municipales ».
 
Harlem Désir et le Parti socialiste vont devoir très vite régler ces problèmes de communication et de mémoire qui leur font oublier de respecter des engagements pris à peine un an auparavant. Malgré tout nos pouvons garder espoir : les municipales de 2014 se rapprochent, avec, comme à chaque élection, leur lot de promesses...
 

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