Momo, 14 ans, bébé star du FN

Mohamed Boudia au FNJ
Le 19-09-2014
Par Audrey-Lya Levy / CFPJ

Signe de la volonté du FN d’attirer des militants de diverses communautés, Mohamed Boudia 14 ans, le plus jeune militant du parti explique son engagement. Rencontre.  

 

Jean délavé, baskets aux pieds, Mohamed Boudia a tout d’un garçon de 14 ans. Ou presque. Les murs de sa chambre ne sont pas tapissés par les posters de Zlatan , mais « par ceux du Front National », nous confie-t-il. En effet, cet élève de seconde est le plus jeune militant du parti d’extrême droite. Fils d’immigrés algériens,  Mohamed vit seul avec ses parents dans une cité de Gonesse dans le Val d’Oise. Son père, retraité et sa mère, aide à domicile, acceptent le choix politique de leur fils. « Au début, mon père craignait que j’aie des problèmes mais maintenant il n’a plus peur », raconte t-il.

 

Mohamed, star et risée du web

La politique, Mohamed a commencé à s’y intéresser à seulement 12 ans. Membre du conseil municipal des jeunes de sa ville depuis deux ans, il s’est penché sur les programmes des différents partis politiques. Le jeune homme est tombé littéralement sous le charme des idées de la présidente du Front national,  « Marine » comme il appelle. « Ce sont les problèmes d’insécurité qui m’ont convaincu de choisir le Front national », explique-t-il. Il demande alors l’autorisation à ses parents pour obtenir sa carte de membre.

Mohamed n’a, lui, jamais été victime d’agression dans son quartier et explique n’avoir eu aucun problème au lycée avec son engagement. Le jeune homme affirme, en revanche, recevoir des menaces quotidiennes sur les réseaux sociaux: « J‘en ai reçu plus de 1500. Les gens me traitent de traitre sous prétexte que je suis d’origine maghrébine. Mais ce sont eux les traitres, ils n’aiment pas la France. Moi, je dois tout à la France », affirme Mohamed désabusé.

Ado ultra connecté, il dégaine son smartphone pour montrer les insultes, mais aussi les messages de soutien qu’il reçoit. Swagg Man, rappeur provocateur, connu pour mettre en ligne des vidéos qui font le buzz sur la toile, a contacté Mohamed pour le soutenir. « Je suis heureux d’avoir le soutien de personnalités apolitiques », commente Mohamed. Mais le soutien dont Mohamed est le plus fier est celui de Florian Philippot, son « modèle »,  vice président du Front national. « J’admire tellement Florian pour son charisme », affirme Mohamed, le sourire aux lèvres. Il confie recevoir aussi des menaces de personnalités comme Stéphane Bak. Ce jeune humoriste que Mohamed qualifie de « clown de Canal plus », ou encore  DJ Hamida. Ce dernier a posté sur Facebook, une photo que Mohamed avait prise aux cotés de Jean Marie Le Pen, avec pour commentaire « selfie de batard ». « Ces menaces ne m’atteignent pas mais je me suis malgré tout rendu au commissariat avec ma mère pour déposer une main courante », témoigne Mohamed.

Ses parents qu’il qualifie « d’apolitiques », n’ont pas voté aux dernières élections : « Ils sont déçus par la politique comme la plupart des Français ». Mohamed espère qu’ils finiront par se rallier au FN, seule alternative possible dans le paysage politique actuel, selon lui. Il estime que l’immigration est un problème dans notre société : « On ne peut plus accueillir d’étrangers avec le nombre de français SDF». Outre la question de l’immigration « qu’il faut résoudre rapidement », le retour à une monnaie unique est l’idée qu’il défend le plus. Preuve supplémentaire de sa révérence au programme du FN.

Chaque été, Mohamed qui se décrit comme un musulman croyant mais non pratiquant, se rend en Algérie, « le pays de ses parents » pour voir sa famille.  « Certains membres de ma famille qui habitent là-bas ne sont pas d’accord avec moi. Nous arrivons cependant à avoir des débats constructifs ensemble ». Quand on lui ressort les propos de Jean-Marie Le Pen à l’égard de la communauté musulmane, Mohamed se défend : « Le Front n’est pas un parti raciste. Je respecte Jean- Marie, il a quand même crée le parti mais aujourd’hui c’est Marine sa présidente ! » affirme-t-il d’un ton déterminé. L’adolescent au discours déjà très politisé, reprend les éléments de langage de Florian Philippot quand il a pris sa défense sur Twitter : « il ne me voit juste comme un arabe et non pas comme un patriote français ».

 

Un ado presque comme les autres

Ses mercredis après midi, Mohamed les passe au FNJ (Front National de la Jeunesse). Quand il passe la porte, Lucie sa « mère spirituelle » lui lance : « Mais tu es toujours vivant toi ! » suite aux insultes dont il a été victime ces derniers jours. Véronique Fornili, secrétaire départementale du FNJ Seine-et-Marne salue l’engagement et le courage de « Momo », son surnom au FNJ. Mohamed fréquente beaucoup les membres et les considère d’ailleurs comme ses amis : « On partage beaucoup de moments ensemble. J’étais avec eux à la braderie d’Hénin-Beaumont le week-end dernier ! », rajoute- t-il. Mohamed est notamment le fondateur de « Racine Lycée », un collectif associé au mouvement bleu Marine qui réunit tous les lycées « patriotes » de France. « J’ai présenté récemment le projet devant Marine et Florian », se vante  Mohamed. L’ado rougit quand il évoque sa petite amie qu’il fréquente depuis trois ans, « je ne veux pas révéler son identité, elle est apolitique, d’origine italienne et tunisienne ». L’ado dit aimer tous les styles de musique, du classique au rap. Quand on lui demande quel groupe, il semble hésitant et ne sait pas répondre.

Plus tard, Mohamed rêve de faire des études de droit et de la politique. Il ne pourra pas encore voter aux prochaines élections mais assure : « Mon premier et mon dernier bulletin sera pour le FN ».

 

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