
Les plans B des fashionistas de banlieues - Ressources Urbaines pour France Soir

Habiter en HLM, dans un quartier populaire, et s’habiller à la pointe de la mode... Nombre de jeunes filles en rêvent. Les « CIB », pour « Clochardes Imitation Bourgeoises » le font. Démonstration.
La débrouille tient parfois de la règle d’or quand on vit dans un quartier populaire. Lilia, Sofia, Inès, Shérine… Des amies d’enfance qui ont grandi près de Mulhouse. Des fashionistas, surtout. Nom de code « CIB ». Comprendre : « Clocharde imitation bourgeoise ». L’expression est loin d’être péjorative. Le concept démontre simplement que les quartiers ne manquent pas d’idées, à défaut de moyens. « C’est l'art de tromper l'autre, par l'apparence physique, sur ses origines sociales, explique Sofia, 26 ans. Au départ, ma belle-sœur « kiffait » organiser, avec ses soeurs ou ses copines, des sorties hors du quartier et s’inventer une vie de "bourgeoise". » Lunettes Prada, sac à main Dolce Gabbana, chaussures Dior, parfum Chanel... Pas question de porter de la contrefaçon pour autant. Ces filles ont leurs petites astuces pour s’habiller chic à prix choc. Pour le maquillage ? « Une copine qui travaille à l’aéroport de Roissy a jusqu’à 40% de réduction » confie Sofia. Or ces réductions réservées aux employés alimentent désormais des chaînes d’échanges d’articles.
Le réseau, c’est d’ailleurs la clé du ravitaillement de la CIB. Ainsi qu’une bonne dose d’audace. Sonia, 16 ans : « Avec mes copines, nous repérons les boutiques qui vont liquider, et proposons à la patronne de lui prendre des lots à prix de gros. On balance l’info sur Facebook et en dix minutes, on a déjà quinze clientes. Tout le monde y gagne. » Maroie, 20 ans, styliste en herbe : « On n’a pas forcément le budget pour les marques. Alors je regarde du côté de nos voisins européens. Ils ont des trucs très sympas, pas chers et inconnus en France ! »
Comme tous les jeunes, nos CIB maîtrisent parfaitement le surf sur la toile. Pour récupérer des invitations pour des ventes privées, les ventes éclair de grands créateurs dans de simples enseignes de prêt-à-porter, les adresses où dégoter des déstockages et fins de série en lingerie, maroquinerie, cosmétique... « Les fripes aussi, ajoute Sarah, 20 ans. J’y ai déniché des vestes de grande marque ou des bottes en véritable cuir à 500€, que j’achète pour à peine 25 €. »
Les CIB ? Sorties du quartier parce qu’elles refusent de porter l’étiquette banlieusarde dans les écoles qu’elles fréquentent ou dans leur vie professionnelle, elles ont finalement simplement développé un concept universel. Car, comme le résume Sofia, « on est toutes un peu des CIB quelque part ».
Les garçons aussi
S’inventer une autre personnalité, ou surtout s’affranchir des péjugés : la mode des CIB n’est pas réservée aux filles. Wissam, 19 ans, de Seine-Saint-Denis, est très banché mode. Bien au-delà des vêtements. Du téléphone portable aux accessoires, tout doit être signé. Lui aussi fait appel au réseau. «Il y a toujours l'ami d’un ami d’un ami qui travaille dans tel domaine et peut nous avoir des réductions. Mon I-phone, par exemple m’a coûté 100€ au lieu de 300. Pareil pour le parfum. » A partir de là, les trocs d’articles peuvent s’organiser. Un «plan chaussure taille 42 » se négocier contre « un plan jean taille 38 ». Un échange de bon procédé où chacun y trouve son compte, en toute légalité.
Marchés, internet : bonnes adresses pour bons plans
• Les ventes privées, déstockage, fin de série sur les sites spécialisés sur le Net : http://fr.vente-privee.com et www.fashionshopping.com.
• Les petits créateurs : des pièces uniques à découvrir sur www.upfactory.com.
• Londres n’a plus de secrets pour les amateurs. Quelques adresses de créateurs en solde sur http://designersales.co.uk et http://www.visitlondon.com/fr/endroits_a_visiter/detail/592916.
• Les marchés recèlent d’articles de marque, neuf et à tout petit prix. En Ile de France, ceux de Sarcelles, Saint Denis, ou porte de Montreuil sont les plus courus. Idem pour les Fripes avec des petits trésors des plus grandes marques à moins de 50€, quasi neuf.
France Soir / Dounia Ben Mohamed – Ressources Urbaines