
L'amour foot des petits clubs : le député Francois Ruffin vs le foot business

L'amour foot de la rue - Episode 4. Le 8 juillet le Médialab93 organise son 6ème Forum live autour de l'influence du foot dans les cultures urbaines (et inversement). Entretien avec Francois Ruffin, député de la Somme (apparenté LFI), auteur, journaliste et créateur du journal satyrique Fakir, qui avait tant fait parler de lui à l'Assemblée en venant défendre l'utilité sociale du foot amateur versus le foot business.
Compter sa vie en coupe du monde
Cette coupe du monde 2018 est celle que François Ruffin aura le moins suivi, à regret : "Je suis de ceux qui comptent leur vie en coupes du monde et celle-ci je ne la vis pas assez". En effet, très pris par ses nouvelles fonctions de député, il ne suit en priorité que les matchs de la France. Néanmoins, l'homme politique connaît l'importance de ce sport pour les français, c'est pourquoi il nous confie : " j'ai barré d'une croix rouge les jours de match sur mon calendrier, je sais pertinemment que ces jours-là il ne faudra rien organiser". Pendant un mois, on sait tous que la coupe du monde occupera chaque esprit et surtout rythmera le quotidien. Le football est devenu avec le temps un sujet qui crée des liens sociaux. François Ruffin nous raconte qu'au Japon, pour lancer une conversation, les habitants se parlent de leurs fleurs. En France on parle du temps qu'il fait. Selon lui, le foot est également devenu un sujet qui ouvre la discussion dans un bistro. "Le foot paraît être une accroche commune, un langage commun à tous" ajoute le député.
"Le foot c'est avant tout l'humain"
Le foot, il connaît. Auteur de plusieurs livres, François Ruffin publie en 2014, "Comment ils nous ont volé le football". Un livre co-écrit avec Antoine Dumini, un ami d'enfance avec qui il jouait au ballon rond. Ce dernier étant atteint d'une maladie incurable, les deux amis ont décidé de faire de cet ouvrage un acte de d'humanité, un lien entre deux hommes. Ils y ont fait converger deux de leurs points communs, le football et l'économie, accouchant d'un petit essai... sur l'économie du football. " Le foot c'est avant tout de l'humain, la vie des clubs n'est pas faite que d'argent mais d'histoires d'amitié aussi". Le foot réunit, il passe au-dessus des classes, des origines, le terrain n'est censé laisser place qu'au sport et à la solidarité.
"Ils me volent le football"
Mais l'opuscule dénonce ce qu'est devenu le foot. Ce sport populaire qui à la base nécessitait deux poteaux pour les buts, une ligne tracée dans une pâture, des joueurs et un ballon est devenu un business monstre. François Ruffin accuse les milliardaires de la planète de s'être appropriés ce sport : "Ils me volent le football, je ne paye pas beIN alors je ne peux pas voir certains match". Un spectacle qui ne coûte à l'origine pas cher a subi une "gonflette" des prix qui le rend moins accessible à tous. En parallèle de ce spectacle coûteux, les clubs de province ne bénéficient pas de la même chance. En effet, François Ruffin se bat pour que ces clubs laissés pour compte obtiennent plus de moyens. Pour se faire entendre, l'élu s'est rendu à l'Assemblée nationale vêtu du maillot d'une petite équipe de la Somme (l'Olympique eaucourtois). Le but était de lancer le débat sur la survie de ces clubs qui ne vivent que de l'investissement de ces habitants locaux. Il voulait mettre en lumière les habitants qui s'occupent de tous, "organiser les tournois, laver les maillots, les repasser, faire des sandwichs..." Toutes ces petites tâches qu'on oublie. Le député réclame une taxe sur les plus gros club : "Tout ce qui compte pour eux c'est d'être compétitifs au niveau international". Revendication pour l'instant vaine...