
La Seine-Saint-Denis passe à droite !

Séisme historique depuis la création du département en 1968 : la majorité des villes (21 sur 40) est dorénavant de droite… L’influence de la mairie UDI de Drancy (Jean-Christophe Lagarde) se fait ressentir partout. Le Blanc-Mesnil, Bobigny, Saint-Ouen, Livry-Gargan, Aulnay-sous-bois, autant de symboles de l’échec cinglant de la gauche municipale. Le Cevipof zoomait sur le sujet le 8 avril dernier.
Abstention
L’abstention a été supérieure à 50% dans 21 villes, mais aux environs de 40% au second tour dans les villes passées à droite. En gros : quand l’alternance paraissait à portée de main, les électeurs se sont plus mobilisés ! Le taux d’abstention demeure ainsi structurel (supérieur à 50%) dans ce département depuis 1989, témoignage d’une désagrégation sociologique et d’une fragmentation territoriale, selon les chercheurs du Cevipof. « Le décalage entre le personnel politique et la population est ici réel », note la sociologue Marie-Hélène Bacqué. Qui précise que des listes citoyennes obtiennent des scores notables (comme à Bagnolet).
Vote à droite
La captation des leaders des minorités, y compris parmi les responsables associatifs militants, par la droite a été réelle dans certaines villes comme Bobigny et le Blanc-Mesnil. Le centre de gravité de la droite se trouvant dorénavant au centre et à l’Est du département, dans les zones les moins favorisées. A Drancy, Jean-Christophe Lagarde semble avoir durablement muselé le PCF, qui réalise un piètre 11% ! La droite s’est ainsi renforcée partout où elle était déjà forte ; et affaiblie là où elle était faible…
Délitement de la gauche
Le Front de gauche reprend les villes d’Aubervilliers (PS- EELV) et de Montreuil (EELV), sauve Saint-Denis de justesse et perd Bagnolet au profit du PS ; mais pour Roger Martelli, politologue spécialiste du PCF, « le PCF et le PS sont surtout présents dans les zones de développement économique, comme Saint-Denis et aux alentours de Roissy » (comme Tremblay). Bref, la droite se développe là où la situation se dégrade (ex : Aulnay après la fermeture des usines PSA), contrairement à ce que l’on pourrait imaginer. Et ce, alors qu’au départ, le PCF était en particulier implanté dans les zones de pauvreté, comme Saint-Ouen. L’homogénéité du « bantoustan rouge » du 93 décrit par le même Martelli est donc belle et bien fissurée. « La banlieue rouge et le communisme municipal sont bien défunts », assène le chercheur. Le « patriotisme de clocher à base de classe » que décrivait naguère Annie Fourcaut pour décrire ce communisme municipal, est bien derrière nous.
Place des minorités
Reste que le Front de gauche offre quand même son premier maire issu de l’immigration post-coloniale à la Seine-Saint-Denis (Azzedine Taïbi) ! Il était temps ! Fabien Jobard, spécialiste du droit pénal et des questions de sécurité, note cependant à ce titre que le département compte dorénavant une « forte présence de conseillers municipaux issus de l’immigration ».