De Marseille à Paris, la Marche pour l’égalité et contre le racisme a profité des réseaux de la Cimade. Cette association humanitaire œcuménique, à laquelle appartiennent le pasteur Costil et le curé Delorme, vient en aide aux immigrés et aux réfugiés depuis 1939. Sa présidente, Geneviève Jacques, présente son action.

Presse et Cité : Comment est née la Cimade ?

Geneviève Jacques : En octobre 1939, des mouvements de jeunesse liés au protestantisme viennent en aide aux 300 000 évacués de l’Alsace-Lorraine vers le Sud-Ouest. Elle s’implique ensuite dans la résistance civile, tout en dénonçant grâce à ses réseaux ce qui se passait dans les camps. Une pratique fondatrice pour l’organisation : être aux côtés des « indésirables » menacés, et témoigner de leurs situations et des causes de ces situations.

P&C : Quelle a été son rôle dans l’organisation de la Marche ?

G. J. : A partir des années 1950, elle s’installe auprès des populations migrantes dans les quartiers dits « nord-africains » autour de Marseille, Lyon et Paris. Elle organise des cours d’alphabétisation et soutient la naissance des mouvements autonomes des travailleurs immigrés. Jean Costil et Christian Delorme n’ont pas attendu le feu vert de l’organisation pour lancer la Marche. L’équipe de Lyon s’est impliquée en terme de logistique et les militants ont accueilli les marcheurs. Georgina Dufoix, elle-même protestante, a été avertie de ce qui se passait par les autorités de la Cimade.

P&C : Quelle est son action aujourd’hui ?

G. J. : Une de ses caractéristiques, c’est de s’adapter aux enjeux de l’époque. La législation sur l’immigration n’a fait que s’aggraver avec la fermeture des frontières. Nous avons dû nous spécialiser dans l’utilisation de l’outil juridique pour défendre les droits des travailleurs immigrés et des réfugiés. Auparavant constituée de réseaux de sympathisants, la Cimade se base aujourd’hui sur 100 salariés et 2 000 militants.