Caroline Bideaux : Militante pour l'école égalitaire pour tous !

Le 19-09-2014
Par Bénédicte Demmer / CFPJ

Depuis quelques mois un groupe de parents réunit dans le collectif des « Gilets Jaunes », résiste et se bat contre l’instauration de la nouvelle réforme scolaire. En Ile-de-France, Caroline Bideaux qui est à leur tête. Rencontre avec une mère de famille qui se sent ignorée par le gouvernement.

Ne vous fiez pas à ses cheveux blonds impeccablement coupés au carré, ses yeux bleus et ses lunettes relevées sur la tête. Caroline Bideaux, mère de famille réside à Carrière sur Seine (Yvelines) est aussi une militante acharnée. Lorsqu’elle manifeste, elle revêt son gilet jaune, symbole du collectif qui porte le même nom s'opposant à la nouvelle réforme des rythmes scolaires. Proposée par Vincent Peillon en 2008 et mise en place définitivement en 2014, la réforme prévoit que les enfants terminent plus tôt avec une demie journée en plus pour faire plus d’activités. « On nous avait dit c’est une réforme scolaire et pas périscolaire. Empiler des Kaplas® et jouer aux dominos c’est sympa mais je préférerais qu’ils passent plus de temps avec la maîtresse », s’exclame-t-elle avec un sourire narquois. Architecte et habituée aux étude, Caroline Bideaux réclame un apprentissage plus sérieux pour ses enfants Quentin, 9 ans et Léanne, 6 ans.

Les « Gilets jaunes » moqués par le gouvernement

En Mai 2014, le Ministère de l’éducation publie un sondage qui montre que 92% des parents sont satisfaits des nouveaux rythmes scolaires. Pour Caroline Bideaux, le gouvernement instrumentalise ses chiffres pour faire croire que seule une minorité est mécontente. « Le sondage demande en réalité si l’année s’est bien passée et pas un avis sur la nouvelle réforme », dénonce la jeune maman. Le déclic lui vient alors, il faut que les parents insatisfaits se fassent entendre. Sur Facebook, elle réunit près de mille parents en Ile-de-France qui ont adhéré aux « Gilets jaunes ».

En bonne meneuse, c’est elle qui organise toutes les manifestations. Un matin, elle apprend que Benoît Hamon, à l’époque ministre de l’éducation, devait être présent le soir même à la gare Paris Saint-Lazare. Mais à cause d’une grève des transports elle n’a pu réunir que cinq personnes pour attendre le ministre à l'extérieur. « Il nous a regardé avec un air dédaigneux et hargneux. D’un geste de la main il nous a ridiculisé pour montrer qu’on étaient peu nombreux. » Pas entendu par le gouvernement, elle ne se sent pas non plus soutenue par les syndicats de parents d’élèves. Depuis toujours, la mère de famille est tête de liste aux élections de la PEEP, un syndicat de parents d’élèves.
Sur l’application de la réforme scolaire, la PEEP prône le libre arbitre des maires. « Mais nous, les « Gilets jaunes », nous voulons l’abrogation de la loi », souligne-t-elle, un sourire en coin sur le visage. Sans suivre leur avis, Caroline Bideaux reste malgré tout membre du syndicat pour garder un œil sur ce qui se passe dans l’école de ses enfants.

 

« On a pas la force de frappe des politiques »

A leur création, les « Gilets jaunes » refusaient toute implication d’élus dans leur collectif. Mais, la jeune maman ne partage pas l’avis des autres et réussit à les convaincre d’en accepter quelques uns. « Nous ne sommes que des parents, on n’a pas la force de frappe des politiques. » Elle décide alors de suivre Christian Shoetll, maire, sans étiquette à Janvry, un petit village en Essonne. Son conseil municipal a décidé de ne pas appliquer la réforme des rythmes scolaires. Un matin, elle prend ses enfants, monte dans un train et rejoint Christian Shoettl et d’autres « Gilets jaunes » à Paris pour déposer des gerbes devant toutes les statues de Jules Ferry. « Afin de commémorer la mort de l’école », dit-elle d’un air moqueur.

Mais Caroline Bideaux a conscience que ce genre de mobilisation ne les fera pas remarquer par le gouvernement. « Ils nous ignorent parce qu’on n’est pas un danger pour eux. On est pas les bonnets rouges, on ne doit pas être assez violents », regrette-elle. Mais ça elle ne le sera jamais, « ce n’est pas le but. » Son but : trouver un maximum d’arguments pour démontrer que la semaine de quatre jours et demi est « une aberration. »

« Où est passé l’école égalitaire pour tous ? »

Jours et nuits, elle entreprend des recherches et se rend alors compte de l’écart qui se creuse entre les communes riches et pauvres. « A Paris c’est facile, ils ont les moyens financiers, des animateurs formés, des activités intéressantes. En banlieue et en province ça n’est pas du tout le cas ! Où est passé l’école égalitaire pour tous ? », s’exclame-t-elle. Sans oublié que le gouvernement a aussi oublié les enfants handicapés. « Les fameuses activités périscolaires, ils ne peuvent pas en profiter. Qu’est-ce qu’ont fait d’eux pendant ce temps ? » En rassemblant les témoignages d’autres parents, elle constate les difficultés financières de certains. « Il faut payer les animateurs et les récréations plus longues. Certaines villes ne prennent plus en charge les livres scolaires. Le matériel pour les activités est aussi un coût pour les parents. »

Son combat, Caroline Bideaux l’avoue, lui tient peut-être trop à cœur. Une fois par semaine, parfois plus, elle ne voit pas ses enfants. Cela laissera aussi des traces dans ses relations avec sa famille et ses amis qui ne partagent pas son avis et avec qui elle s’est fâchée. Des sacrifices qui ne serviront à rien si elle n’arrive pas à faire entendre au gouvernement la voix des parents mécontents. Après Vincent Peillon, Benoît Hamon, c’est maintenant Najat Vallaud Belkacem qu’il va falloir convaincre. « Je ne perds pas espoir, et si ça ne marche pas avec elle ? J’attends avec impatience 2017 ! »



 

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