Créée en 2002, l'association Fatma&Cie l'art du mes tissage, qui a des antennes dans le 19ème arrondissement de Paris et à Bagnolet, est portée avec une grande énergie par Saliame Kheloufi. Cette comédienne, écrivain et « sl'âmeuse » tient à valoriser, même si elle n'aime pas trop ce terme, sa double culture algérienne et française. « Il est beaucoup question de diversité dans le domaine public, tandis que celle du métissage n'est pas franchement posée. Pourtant les deux sont liées » nous explique la responsable de l'association. A ces notions vient s'ajouter celle de l'égalité homme/femme. Une question centrale pour l'association qui anime différents ateliers dans des écoles ou des structures plus spécifiques, pour faire de la sensibilisation.

 

« Comme je le dis toujours, un camion ça ne se porte pas, ça se conduit ! Et un camion se conduit encore mieux qu'une voiture » La personne qui tient ces propos s'appelle Ghislaine. La cinquantaine,  ancienne routière et mécanicienne. Sur le site internet de l'association, plusieurs portraits viennent bousculer la vision (fausse) que nous avons sur certains métiers. Zaïna, agent de sécurité,  ou encore D.A.M.E.S, entreprise de BTP montée par des femmes. L'exemple le plus parlant est sans doute ce portrait d'une camerounaise, qui a grandi en Allemagne et qui est aujourd'hui bouchère au Couteau d'argent (Asnières, Hauts-de-seine), chez le « Roi des bouchers », Yves-Marie le Bourdonnec. Autant de parcours réussis, métissés et étonnants, qui en disent autant, si ce n'est plus, sur l'égalité homme/femme que de grands discours.

 

Lors de ses interventions dans les collèges d'Ile-de-France, l'association Fatma&Cie l'art du mes tissages se sert de ces portraits comme outils pédagogiques. Comme ce fût le cas au collège Alphonse Chérioux de Vitry-sur-seine. Un établissement avec lequel l'association aimerait aller plus loin : « Nous souhaitons construire un programme plus participatif. Nous aimerions que les élèves puissent tourner et monter eux-mêmes des sujets. Qu'ils ne soient plus simplement spectateurs, mais qu'ils puissent aller à la rencontre des personnes pour en faire le portrait » nous confie Saliame Kheloufi. Etre acteur et plus spectateur, c'est dans ce même état d'esprit que l'association intervient auprès des femmes en insertion.

 

Dans le cadre d'un projet européen, l'association est intervenue au sein de la Maison des femmes de Paris auprès de femmes en insertion : « C'étaient des femmes qui avaient entre 40 et 50 ans, très éloignées de l'emploi. La caméra est une manière de voir l'autre différemment, il y a une notion artistique qui crée la discussion » nous dit Saliame Kheloufi. Certaines d'entre elles ont trouvé un emploi ou un stage et sont sorties de l'isolement. La responsable de l'association explique aisément ces résultats : « Ce genre d'atelier crée une force, une synergie. Les gens se sentent plus acteurs ». Celles d'entre elles qui sont restées en contact avec l'association sont régulièrement appelées à transmettre leur expérience. 

 

Si l'association est constituée en grande partie de femmes, Saliame Kheloufi indique qu' « il n'y a aucune velléité d'écarter les hommes ». D'ailleurs pour cette dernière : « Demain, il serait bien que les hommes s'emparent du problème ». Une démarche qui ne s'estime pas féministe, loin de là : « Il faut aussi accepter l'autre dans ses différences. L'exclure ou en faire le responsable n'est pas dans notre démarche. Si c'est pour se créer des groupes et se séparer, ça ne sert à rien »

 

Les mentalités avancent  sur ces questions notamment dans les entreprises qui ont mis an place une charte de l'égalité. Un petit pas dans un secteur où l'inégalité homme/femme résiste.