
Une lecture qui aura bien lieu au WIP Vilette

Le poète-rappeur-slammeur-écrivain touche à tout Abd Al Malik a quitté le seul univers des aficionados de rap. Depuis quelques années ses fréquentes prises de position médiatiques en faveur du « vivre ensemble » l’ont rendu familier du grand public. Malgré un premier essai – « Qu’Allah bénisse la France »- paru en 2004, la sortie de son livre « La guerre des banlieues n’aura pas lieu » est présentée comme son « entrée en littérature ». Le 10 mai au WIP Vilette l’ouvrage fera l’objet d’une lecture/ mise en espace par l’auteur et des élèves en classe de théâtre au lycée Henri Barbusse d’Alfortville.
Les traits du personnage principal, Peggy, un « jeune de cité » strasbourgeois, devenu Souleyman, témoignent à quel point l’auteur –Régis devenu Abd Al Malik- à mis ses trippes dans son livre. Livre dont la particularité est de jongler sans cesse avec la variation des formes : introduction en vers à la manière d’un slam, changements de narrateur et de police, photos en noir et blanc, vraies fausses définitions du dictionnaire, analyses théologiques de la spiritualité soufi, courrier du personnage principal à son ami emprisonné, tombé pour braquo… Une variation de formes qui pourrait en déstabiliser plus d’un au point de trouver l’ouvrage décousu, mais qui fait aussi sa force et son originalité en justifiant pleinement le choix d’une lecture sélective d’extraits.
On peut clairement saisir l’attrait de l’exercice pour ces jeunes du 94 qui vont participer à la lecture. Celui de voir que la réalité de la tess –sans doute familière pour certains, fantasmée pour d’autres- peut servir de point de départ d’une œuvre littéraire, au message universel, étudiée en cours.
Mais, l’auteur insiste suffisamment pour nous le faire comprendre, c’est de la France dans sa globalité qu’il veut parler en parlant de la banlieue, parler « de la partie » pour parler « d’un tout ». Pour dire que l’on peut être noir et français à part entière, que musulman n’est pas une nationalité, mais bien une religion compatible avec la République. Ces affirmations qui semblent être des évidences ne le sont finalement pas tant que ça au regard du récent « débat sur l’identité nationale » et des polémiques montées en épingle sur la burqua ou la polygamie.
Un message qui entre en résonnance avec le récent Appel pour une République multiculturelle et post raciale dont deux des auteurs seront présents après la lecture et une session de signature pour débattre avec la salle : François Durpaire, historien, fondateur du mouvement pluri-citoyen, membre du comité pour la mémoire et l’histoire de l’esclavage et Rokhaya Diallo, présidente de l’association des Indivisibles (qui décerne chaque année les Y’a bon Awards aux meilleures phrases racistes), chroniqueuse sur Canal + et RTL. La verve de cette dernière sera sans doute complémentaire du positionnement plus consensuel du poète.
YT
Entrée libre sur réservation
Info/résa : Najla Fezzani – 01 40 03 75 33 – wip-villette@villette.com
![]() |
Partenariat : Tous les mois Presse & Cité zoomera sur un événement au WIP Villette |