
Neuilly sa mère, gentille traversée du périph

Avec ses objectifs da comédie pas méchante de l'été, le contrat est rempli par cette gentille comédie scénarisée par Djamel Bensalah, cinéaste parfois inspiré ("Il était une fois dans l'oued" ou "Le ciel, les oiseaux et ta mère"...). Certes, le film semble remplir son contrat en terme de spectateurs (près de 500 000 entrées en première semaine, à tel point que même le cinéma de Neuilly sur Seine l'aurait programmé!). Mais d'ici à ce qu'il soit aussi soutenu par le Président de la République (et ancien maire de la ville-titre, son incubatrice politique) que l'a été Indigènes par le clan Chirac, il n'y a pas qu'un pas, qui sera sans doute aussi difficile à franchir qu'un périph ; de ces périphs pas toujours imaginaires que décrit justement le film, entre la cité Ravel (Châlon s/ Saône) et la pseudo-cité Debussy (Neuilly s/ Seine). Mais n'est pas Etienne Chatillez qui veut : la présente comédie qui pourrait être labellisée d'un très consensuel "la diversité c'est bien", ne fera pas de mal à une mouche, ne fera grincer tout au plus que quelques dentiers, et ne vous mordra pas à la gorge comme un pitbull, peut-être vous tâchera-t-elle la chausette comme la bave d'un carlin : la vie du 9-2 est un long fleuve tranquille, et ça se sent. On appréciera quand même une floppée de répliques bien troussées, une tripotée de featurings à faire pâlir d'envie une soirée du festival de Cannes : Brakni, Balasko, Podalydès, Galabru, Booder, Eric et Ramzy, Lemercier, Semoun, Demaison et on en passe(tous ces gens sont-ils là pour faire plaisir au réal, ou pour bénéficier du label diversité évoqué ci-dessus ?). Restent quelques répliques ("Ma chambre, tu l'aimes ou tu la quittes", qui sera sans doute culte à la récré de Janson de Sailly), et des portraits qui claquent : les bolos clones du fils Sarkozy et fans de rap blin-bling, le curé plus porté sur France Football et les conseils en serrage de meuf que sur la catéchèse, la fille de bonne famille rebelle branchée sans-papiers et écologie radicale, l'excellent Podalydès en bourge cool mais un peu bloqué sur le découpage de la salade verte, le fils de 13 piges futur président de la République et, en attendant, délégué de classe tête à claques coaché vite fait par un ci-devant sénateur Galabru toujours aussi impayable... Mais quand même : un ton par trop démonstratif, un rythme fatigué et une réalisation lynphatique gâchent le plaisir. Dommage. Les banlieues attendent toujours leur comédie sociale acide.
Erwan ruty / Ressources Urbaines