
Max Lebon : une Villa Médicis pilotée avec des connaisseurs des cultures des quartiers

Max Lebon anime une émission dédiée aux cultures urbaines sur radio FPP depuis des années (« Bienvenue chez oam »). Il a aussi été commissaire d’exposition du Salon d’automne. Pour lui, la Villa Médicis doit non seulement accueillir des artistes qui veulent faire de la pédagogie, mais surtout ne pas être un projet « piloté d’ailleurs ». Pour aller dans le sens de l’Histoire culturelle du pays…
P&C : Il y a pas mal d’expériences venant de la culture « officielle » voulant s’installer dans les quartiers populaires. Quelles sont celles qui ont réussit ?
M.L. : Au 104 (à Paris, dans le quartier Curial – Flandres), au Mac/val (Musée d’art contemporain à Vitry-su-Seine, Val de Marne), ou dans tout autre lieu d’implantation de la culture d’excellence dans quartier, on dit toujours qu’on veut travailler avec les gens du quartier, y compris parfois pour les professionnaliser. Mais il y a pourtant toujours une difficulté pour trouver le public, qui n’est pas toujours amené à se déplacer, même à côté. A Lens, au Louvre, il y a beaucoup de monde, mais est-ce que ce sont vraiment les habitants du territoire ? Il y a moins de monde au Macval. Qui est peut-être plus expérimental… Mais d’un autre côté, un projet en banlieue a toujours un aspect « social » qu’il n’aurait pas ailleurs. Pourquoi ?
M.L. : Au 104 (à Paris, dans le quartier Curial – Flandres), au Mac/val (Musée d’art contemporain à Vitry-su-Seine, Val de Marne), ou dans tout autre lieu d’implantation de la culture d’excellence dans quartier, on dit toujours qu’on veut travailler avec les gens du quartier, y compris parfois pour les professionnaliser. Mais il y a pourtant toujours une difficulté pour trouver le public, qui n’est pas toujours amené à se déplacer, même à côté. A Lens, au Louvre, il y a beaucoup de monde, mais est-ce que ce sont vraiment les habitants du territoire ? Il y a moins de monde au Macval. Qui est peut-être plus expérimental… Mais d’un autre côté, un projet en banlieue a toujours un aspect « social » qu’il n’aurait pas ailleurs. Pourquoi ?
P&C : Quels publics viser ?
M.L. : D’abord les scolaires et les celui des centres sociaux : les élèves n’aiment pas l’art tel que l’éducation nationale le véhicule, alors qu’en dehors des cours, la musique et le dessin c’est tout ce qu’ils aiment ! Ce type de projet in situ devrait pallier à ça. Mais il faudrait que les artistes jouent le jeu, ne restent pas dans un bunker. L’intérêt, c’est surtout le rapport de l’artiste avec son public, pas ce que fait l’artiste lui-même : un sculpteur va-t-il faire toucher de la terre à des gamins ? Il faut sélectionner des artistes qui veulent faire de la pédagogie, qui veulent partager, faire des ateliers avec des classes. Voire faire que des classes artistiques aient leurs ateliers dans la Villa Médicis !
M.L. : D’abord les scolaires et les celui des centres sociaux : les élèves n’aiment pas l’art tel que l’éducation nationale le véhicule, alors qu’en dehors des cours, la musique et le dessin c’est tout ce qu’ils aiment ! Ce type de projet in situ devrait pallier à ça. Mais il faudrait que les artistes jouent le jeu, ne restent pas dans un bunker. L’intérêt, c’est surtout le rapport de l’artiste avec son public, pas ce que fait l’artiste lui-même : un sculpteur va-t-il faire toucher de la terre à des gamins ? Il faut sélectionner des artistes qui veulent faire de la pédagogie, qui veulent partager, faire des ateliers avec des classes. Voire faire que des classes artistiques aient leurs ateliers dans la Villa Médicis !
P&C : Quels artistes pourraient avoir envie d’aller à Clichy ?
M.L. : La plupart seraient intéressés. C’est dans le sens de l’Histoire d’aller là-bas ! Même quand on vient de l’étranger. Clichy, pour certains, c’est un peu comme Harlem pour nous ! Je pense en tous cas qu’ils préféreraient aller à Clichy qu’à Lens ! C’est dans le cadre du Grand Paris, c’est la Villa Médicis... Et puis, les artistes, ce qu’ils veulent souvent, c’est un studio, un lieu pour travailler !
M.L. : La plupart seraient intéressés. C’est dans le sens de l’Histoire d’aller là-bas ! Même quand on vient de l’étranger. Clichy, pour certains, c’est un peu comme Harlem pour nous ! Je pense en tous cas qu’ils préféreraient aller à Clichy qu’à Lens ! C’est dans le cadre du Grand Paris, c’est la Villa Médicis... Et puis, les artistes, ce qu’ils veulent souvent, c’est un studio, un lieu pour travailler !
P&C : Quel type de culture transmettre ? Un temps, le projet de Villa Médicis voulait porter la culture « des périphéries du monde »… Est-ce un risque de ghettoïsation culturelle ?
M.L. : Les "cultures des périphéries", pourquoi pas, du moment que ce n’est pas mis comme caution. Qu’on ne rajoute pas « cultures urbaines » en plus du reste en espérant que du coup ça marche pour le public local. Quand j’ai fait le Salon d’automne, pour apporter les cultures urbaines, j’ai fini par avoir une place… à côté, dans un espace dédié, pas mélangé avec le reste ! Elles ont été mises en périphérie.
M.L. : Les "cultures des périphéries", pourquoi pas, du moment que ce n’est pas mis comme caution. Qu’on ne rajoute pas « cultures urbaines » en plus du reste en espérant que du coup ça marche pour le public local. Quand j’ai fait le Salon d’automne, pour apporter les cultures urbaines, j’ai fini par avoir une place… à côté, dans un espace dédié, pas mélangé avec le reste ! Elles ont été mises en périphérie.
P&C : Comment parvenir à faire venir le public, souvent réticent à se déplacer dans les lieux de culture ?
M.L. : L’art contemporain, personne n’y comprend rien, ça n’est pas la même langue à l’intérieur et à l’extérieur du lieu ! Il est difficile de communiquer du coup... Il faudrait travailler avec des associations locales pour leur donner les clefs de compréhension, afin qu’elles se sentent aussi propriétaires du lieu. Qu’elles y fassent leurs propres manifestations. Il faut des ateliers. Et que les gens aient des « parts » dans ce projet ! Il faut arrêter de piloter ces projets d’ailleurs, quelle que soit leur bonne volonté. C’est la question « d’où tu parles ? » ! Il faut introduire des gens qui connaissent les cultures urbaines dans ces lieux dès le démarrage, pour dépasser les seuls mots. Pas seulement les inviter une fois que tout est bouclé. Il faut qu’ils passent de l’autre côté du pinceau ! C’est comme ça qu’on fait « avec ».
M.L. : L’art contemporain, personne n’y comprend rien, ça n’est pas la même langue à l’intérieur et à l’extérieur du lieu ! Il est difficile de communiquer du coup... Il faudrait travailler avec des associations locales pour leur donner les clefs de compréhension, afin qu’elles se sentent aussi propriétaires du lieu. Qu’elles y fassent leurs propres manifestations. Il faut des ateliers. Et que les gens aient des « parts » dans ce projet ! Il faut arrêter de piloter ces projets d’ailleurs, quelle que soit leur bonne volonté. C’est la question « d’où tu parles ? » ! Il faut introduire des gens qui connaissent les cultures urbaines dans ces lieux dès le démarrage, pour dépasser les seuls mots. Pas seulement les inviter une fois que tout est bouclé. Il faut qu’ils passent de l’autre côté du pinceau ! C’est comme ça qu’on fait « avec ».