La Marche par la danse

Le 22-11-2013
Par Maxime Hanssen avec Sylvain Ortéga / Lyon Bondy Blog

C'est l'histoire de trois amis de Toumi Djaïdja. La culture est leur vecteur de transmission. A travers un projet artistique innovant, dont un spectacle de danse contemporaine urbaine, leurs trois associations vénissianes veulent transmettre la mémoire de la Marche de 1983. 

 
Trois structures associatives unissent leur talent pour raconter différemment une page de l'Histoire. Par le biais d'un projet artistique pluridisciplinaire, elles ont le dessein de transmettre l'épopée de la Marche pour l'Egalité et contre le racisme de 1983. Ce projet à la fois artistique et d'éducation populaire, 100% issu de Vénissieux, la ville où tout a commencé, a été initié par « Vigilance Vénissiane », une association locale de lutte contre les discriminations. L'idée germe il y a trois ans : « Nous avions pensé créer quelque chose d'audiovisuel et de multiple autour de la Marche » explique Pierre Bafounta, le président de l'association à l'origine de l'aventure. Pour mener à bien cette  initiative, il s'entoure de Pascal De Maria et de l'association « Hareng rouge », une structure audiovisuelle, chargée de proposer un projet global respectant la volonté pluridisciplinaire. Il va en résulter de nombreuses expressions artistiques et pédagogiques dont le but est de transmettre la mémoire de cet événement : un documentaire, un clip musical avec les habitants des Minguettes, un café poésie, une web-série et surtout un spectacle de danse contemporaine urbaine. 
 

« La danse permet de dépasser le cap des mots »

 
La réalisation du show corporel est confiée à Azedine Benyoucef, de la compagnie de danse Vénissiane Second souffle. « Lorsque Pierre et Pascal sont venus me proposer d’écrire une chorégraphie sur ce qu’a été la philosophie de la Marche, j’ai tout de suite donné mon accord ». C’est une fierté pour lui de pouvoir mettre en scène ce qu’il qualifie de « légende urbaine ». Le rapport à la mémoire est omniprésent dans la réflexion du directeur artistique : « Dès la première rencontre avec mes danseurs, je leur ai dit qu’en interprétant cette chorégraphie, ils avaient une part de responsabilité ». En effet, le poids du sujet le rend différent d’un spectacle ordinaire. Il ne s’agit pas simplement de monter sur scène et d’assurer une bonne prestation. La portée est ici plus profonde : « Il s’agit de porter une mémoire et de raviver les esprits de certaines génération ». Mais pas seulement. Azedine regarde aussi vers le présent : « dans le climat actuel, cette représentation peut aussi remettre en avant cette force collective incroyable qu’a été la Marche ». A travers cette création, Azedine souhaite redonner l’envie de créer et de partager, comme l’avaient fait les jeunes des Minguettes en 1983. Différemment d’un film ou d’un documentaire, la danse a un pouvoir évocateur très important. Il est possible, par la gestuelle corporelle, de « dépasser le cap des mots et de se baser uniquement sur le ressenti » confie le fondateur de Second souffle. 
 

Un travail avec Toumi Djaïdja, « cet artiste de la vie »

 
Pour  mener à bien cette partie du projet, le chorégraphe décide de s’inspirer directement du protagoniste principal des évènements de 1983 : Toumi Djaïdja. Il va entreprendre une sorte d’immersion dans le passé de l’initiateur de la Marche afin de comprendre le climat de l’époque, le message et la philosophie qui l’animait. « Il y avait une histoire réelle, des faits réels qu’il ne fallait pas négliger, artistiquement parlant. Il fallait alors que je me rapproche de Toumi. ». Les différentes rencontres, au cours desquelles Azedine écrit le manuscrit, inspirent et bouleversent le danseur : « Nous avons eu beaucoup d’échanges. J’ai travaillé avec beaucoup de gens, mais travailler avec lui, cet artiste de la vie, fut le moment le plus émouvant de ma vie. ». Toumi apparaît comme une sorte de « messager » pour le chorégraphe : « C’est un homme qui a une idée de ce que pourrait être le futur. C’est ce que j’ai aussi voulu transmettre à mes danseurs ».
 
 
Le projet global a pour vocation de pérenniser la transmission de la marche : « On est actuellement en pleine commémoration mais nous sommes contre l’idée que tout s’arrête le 3 décembre » (date d’arrivée de la Marche en 1983). Bien que cette idée est née et réalisée sur le sol Vénissian, sa diffusion se veut plus large : « On met en honneur quelque chose qui est parti de chez nous mais le rayonnement peut et doit être régional, national » détaille Pascal De Maria. 
 
 

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