Samedi 15 juin, à Belleville (20ème arrdt), aura lieu la 3ème édition du festival Irrueption. Cet événement pluridisciplinaire est l'occasion de rassembler les forces associatives du quartier et d'impliquer sa jeunesse.
L'association Irrueption est née outre-atlantique à Montréal, mais c'est bien une idée française qui a germée dans l'esprit des expatriés Simon Tabet et David Sultan. « L'idée était de créer un événement mettant en avant la « conscientisation » des jeunes (…) leur faire prendre conscience que leur parole a de la valeur » explique Marin Schaffner, un des responsables communication de l'événement. De l'international au local, Simon Tabet, revenu à Paris, s'est installé à Belleville, c'est donc dans ce quartier qu'Irrueption a vu le jour.
De midi à minuit, les activités et spectacles en tout genre vont se succéder quasi non-stop. Ainsi une fanfare Soul Jazz fera place à une pièce de théâtre, qui précédera une scène jeunes talents Hip Hop. Le maître mot sera bien « mélange » : « L'année dernière des gens venus pour du théâtre ont assisté au concert de rap, ce qu'ils n'avaient pas prévu. Et dans l'autre sens, quand les jeunes rappeurs viennent un peu en avance pour être sûrs de monter de sur scène, il peuvent assister à la fin de la pièce de théâtre » se remémore Marin Schaffner. Mélange et découverte.
Le festival inclut également des ateliers d'associations du XXème arrondissement de Paris : des ateliers slam, maquillage, graff... Depuis l'année dernière, Irrueption collabore avec la fondation jeunesse Feu Vert, composée d'éducateurs de rue qui aident les jeunes pour leurs démarches administratives, les activités sportives...
Le festival Irrueption est déjà bien ancré dans le quartier et la population se l'est déjà approprié, mais l'association veut aller plus loin : « Le festival se construit avec les jeunes du quartier. Ils collent des affiches, ils s'impliquent dans l'organisation des scènes ouvertes... Nous aimerions les intégrer à l'association petit à petit, sur des projets. Nous voulons juste être des vecteurs de leur parole » confie Marin Schaffner.
Tout au long de l'après-midi les spectateurs pourront assister aux concerts de la fanfare Monty Pistons, du groupe lillois Zone d'Expression Populaire (ZEP), des Groove Catchers. Le théâtre sera également bien représenté avec deux pièces : « La domination masculine » dans laquelle la compagnie Manifeste Rien mêle Bourdieu avec des contes kabyles transcrits par l'anthropologue Tassadit Yacine ; et « Le contraire de l'amour » dans laquelle la compagnie passeur de mémoire adapte le Journal du romancier kabyle Mouloud Feraoun.
Le festival Irrueption laisse une large place à la mémoire puisque, outre ces pièces de théâtre, un après-midi de projections-discussions est organisé autour des thèmes « Quelle place pour l'immigré ? Exclusions sociale, géographique, raciale » et « Etre enfant d'immigré 30 ans après la Marche pour l'Egalité ». Le tout en présence de Mogniss Abdallah (réalisateur du film « Douce France »), Farid Taalba (Forum Social des Quartiers Populaires) Mohammed Ouaddane (Association Trajectoires) et Stéphane Beaud (ENS).
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12h00 : Fanfare Monty Pistons // Soul & jazz
Départ en fanfare pour notre édition 2013. Ce sont les Monty Pistons qui ouvriront le bal cette année. Ils nous ont promis de venir souffler le vent chaud de leur jeunesse sur le belvédère, et l’on attend avec impatience leurs notes enjouées et leur bonne humeur.
Ils disent qu’ils peuvent jouer de jour comme de nuit, sans eau et sans électricité. Nous avons relevé le défi, et l’on compte sur eux pour donner la couleur à l’ensemble de la journée : dans la rue, dans le partage et avec des surprises.

13h30 : “La Domination Masculine” (Cie Manifeste rien) // Théâtre
Dans son essai écrit en 1998, Pierre Bourdieu livre une analyse sociologique des rapports entre les sexes. Prenant pour exemple la société kabyle, il déconstruit une domination «
tellement ancrée dans nos inconscients que nous ne l’apercevons plus, tellement accordée à nos attentes que nous avons du mal à la remettre en question. »
Découvrez cette adaptation ludique de la compagnie Manifeste rien, composée d’un montage des textes de Bourdieu auxquels s’ajoutent des extraits de mythes et de contes kabyles transcrits par l’anthropologue Tassadit Yacine.

14h30 : Scène jeunes talents hip-hop(Esprits d’Art, Ryaam, Peppairr + guests)
La Scène Jeunes Talents est une tradition de notre festival. Nous travaillons tout au long de l’année en compagnie de jeunes artistes amateurs, pour la plupart en voie de professionnalisation, mais dont la qualité et l’investissement ne sont pas forcément reconnus à leur juste valeur.
Il est essentiel pour nous de leur laisser un espace d’expression de plus de deux heures afin que chacun puisse avoir le temps de présenter ses morceaux et occuper l’espace public.
Cette année, on retrouvera tout d’abord le collectif Esprits d’Art qui s’est forgé sur le belvédère et dont l’amphithéâtre du parc de Belleville est le terrain de jeu. Ils viennent de sortir un premier album autoproduit intitulé « Marginal Vol.1 ».
Il y aura aussi Ryaam, jeune artiste hip-hop engagée, déjà présente l’an dernier elle aussi. Elle vient de remporter le tremplin toutes catégories du Café La Pêche à Montreuil, ce qui lui assure de faire la première partie de Casey en juin prochain. Son premier album auto-produit « A l’instinct » est sorti en 2009.
Ou encore Peppairr et Nadjim tous deux rappeurs du 20 prestations de chacun seront entrecoupées de performances de danse de plusieurs collectifs de Belleville.

17h00 : Scène ouverte slam & poésie
Comme l’an dernier, l’atelier d’écriture slam animé par Pilot le Hot (fondateur et directeur de Slam Prod) donnera lieu à une restitution lors d’une scène ouverte. Celle-ci s’enrichira aussi de la participation des divers membres du public qui seront invités à prendre le micro pour délivrer leurs vers.

18h10 : “Le contraire de l’amour” (Cie Passeurs de mémoire) // Théâtre
Acclamée à Avignon puis au Théâtre de l’Odéon et à la Maison des Métallos, c’est avec beaucoup de fierté que nous vous proposons cette adaptation du journal du romancier et instituteur kabyle Mouloud Feraoun.
Depuis le début de l’insurrection algérienne à la veille de sa mort le 15 mars 1962, Feraoun offre un récit inestimable de la guerre d’Algérie et de la violence de son quotidien. La mise en scène ambitieuse signée Dominique Lurcel fait dialoguer texte et violoncelle pour donner voix au témoignage bouleversant d’un homme déchiré entre ses racines kabyles et sa culture française.
« Plein de retenue, Samuel Churin interprète ce texte magnifique avec le violoncelle de Marc Lauras pour partenaire. La dignité, la clairvoyance, l’humour amer de Feraoun secouent sacrément ! » (Le Soir d’Algérie)
« C’est tout simplement bouleversant d’entendre le verbe de Feraoun résonner à l’Odéon. On croirait qu’une justice immanente a levé la forme de sentence qui aurait pu faire sombrer son témoignage, déchirant, intelligent, dans les bas fonds de l’oubli. Il faut savoir gré à ceux qui ont œuvré à cette résurrection. » (L’avant-scène)

19h30 : Repas partagé organisé par Disco Soupe (mise en musique Les Voleurs de Poulpe)
Pour le repas du soir, nous avions envie d’innover. Nous voulions que ces valeurs de partage, de mixité et d’action qui guident notre projet s’incarne autrement durant la journée.
Disco Soupe est une association qui prend un malin plaisir à organiser des happenings collectifs et ouverts à tous d’épluchage de fruits et légumes rebuts, invendus ou de troisième main dans une ambiance musicale et festive. Ils confectionnent ensuite de délicieuses soupes, salades et jus de fruits distribués à prix libre, tout en sensibilisant les participants à la question du gaspillage.
Ils seront accompagnés sur le belvédère par Les Voleurs de Poulpe et les rythmes chaloupés de leur ska, teinté par le soleil et saupoudré de chanson française. Ayant découvert le Secret du Poulpe sur la Côte d’Azur, ils sont montés à l’assaut de la capitale pour essayer d’y pêcher de plus gros poissons.
Sûrement la vue la plus classe de Paris pour manger en musique.
« La Disco Soupe est une opération gagnante sur tous les tableaux » (Libération)
« Nées en Allemagne et reprises en France, les “disco-soupes” ou Schnippeldisko visent à sensibiliser contre le gaspillage alimentaire à coups d’économes, de soupes géantes et de musique » (Les Inrocks)

21h00 : ZEP : Zone d’Expression Populaire // Rap
Saïdou, le chanteur de Z.E.P est un des anciens leaders de Ministère des Affaires Populaires (et leur fameux titre « Balle Populaire »). Originaire de la métropole lilloise, le groupe fait guincher son rap au rythme d’un accordéon. Au flow incisif de Saïdou répondent les notes endiablées des soirs de bals.
Leur dernier album « Le Bal de la Zone » (2012) aborde avec virulence et humour les thèmes du néo-colonialisme, de l’intégration et du racisme.
Après Milk, Coffee and Sugar l’an dernier, c’est eux qui assureront le concert du soir dans l’amphithéâtre avec un seul objectif : mettre tout le monde debout pour chanter le poing
« Z.E.P : véritable antidote au M.I.N (Ministère de l’Identité Nationale) » (ADN Sound)
« À la fois festive et sérieuse, engagée et décomplexée, la Zone d’expression populaire se pose comme le nouveau trublion de la scène nordiste » (La Voix du Nord)

22h30 : Thraces ''Rough Tape'' // Expérience visuelle et sonore
Projet ambitieux d’une bande d’activistes rennais, Thraces »Rough Tape » propose un live-mix-vidéo unique composé de Dam (Synthétiseur, Samples), Francïs (Turntable, Laptop) et Mioshe (Papier, crayon, sampler vidéo).
Issu du jeune label Eumolpe, Thraces invite au dialogue entre les différentes familles de musique électronique et l’associe à un univers visuel original et puissant. Après avoir fait beaucoup de bruit au festival Astropolis, Thraces »Rough Tape » sera à IRRUEPTION pour vous proposer un voyage hors du temps et des genres.
Pour un aperçu de l’univers musical de Thraces, écoutez leur podcast pour Sonotwn :
cliquez ici

23h30 : Groove Catchers ft. Julien Stella (champion de France 2011 de beatbox)
Pour finir la journée en beauté, on n’a rien trouvé de mieux que de vous donner rendezvous avec les excellents Groove Catchers. C’est qu’ils portent bien leur nom ces trois trublions de l’école Jazz à Tours : puisant dans la richesse des répertoires rock, jazz et funk, leurs compositions sont aussi subtiles que leurs improvisations sont groovy.
Et parce qu’une bonne nouvelle ne vient jamais seule, ils seront accompagnés d’un beatboxer qui risque de faire monter dangereusement l’ambiance : Julien Stella étant Champion de France de beatbox 2011 avec son acolyte de Box Office, leur duo épatant. Attention, la fin de soirée s’annonce épique.
« Les Groove Catchers ont concocté leur musique avec les meilleurs ingrédients : l’énergie du Rock, la virtuosité du Jazz et la transe de la Funk Music. » Guillaume de Chassy
