Discrimination : l’ONU épingle les contradictions et les dérives françaises

Le 30-08-2010
Par xadmin

L’avis de l’ONU ? Tout le monde s’en balance, à en juger, par exemple, de l’impact des résolutions contre les agissements d’Israël dans les territoires occupés. Les observations du CERD (Comité pour l’Elimination de la Discrimination Raciale) onusien sur le cas français, publiées le 27 août, se sont noyées dans la pléthore de protestations face au traitement des Roms par la France.
Pourtant l’organisme international ne se limite pas à la très médiatisée question des ROMS. Dans un document clair et succinct, il souligne les contradictions de la France au regard de sa propre constitution et dénonce la progressive dérive xénophobe dans le débat politique hexagonal.

Le comité n’ignore pas qu’historiquement et sur le papier la France se veut le pays des Droits de l’homme. Ainsi, il ne manque pas de saluer les dispositifs récents que sont les lois sur le logement opposable, sur l’égalité des chances, les pôles anti-discriminations créés dans les parquets ou encore les lycées d’excellence au sein des quartiers défavorisés. Il salue également la préparation par le gouvernement d’un plan national de lutte contre le racisme, mais recommande pour une meilleure efficacité le « recensement de la population de l'État partie sur la base d’une auto-identification ethnique ou raciale des individus, qui soit purement volontaire et anonyme». De quoi faire bondir les pourfendeurs républicains des « statistiques ethniques » tellement contraires à l’universalisme « à la française ».Mais en rappelant à la France le contenu de l’article premier de sa constitution, le CERD veut mettre l’accent sur l’écart entre l’égalité théorique et la discrimination dans la pratique que des données chiffrées permettraient d’évaluer.

L’organe de l’ONU n’a par ailleurs pas manqué de remarquer que le gouvernement projette de remplacer la HALDE, dont l’efficacité en matière de lutte contre les discriminations est avérée, par une institution « fourre-tout » qu’est le « Défenseur des droits », dont le président sera nommé sur proposition du chef de l’Etat himself.
La France serait-elle hypocrite en matière de discriminations ? En tous cas l’organisme Onusien met en garde contre « la tenue de discours politiques de nature discriminatoire en France » et « une augmentation récente des actes et manifestations à caractère raciste et xénophobe (…)ainsi que sur le développement de discours racistes sur internet ». Une hypocrisie que l’on retrouve dans la légalité douteuse du cadre régissant le « retour volontaire » des Roms dans leurs pays d’origine. Pour le CERD « des Roms ont été renvoyés de manière collective dans leurs pays d’origine, sans que n’ait été obtenu le consentement libre, entier et éclairé de tous les individus concernés». Le comité se dit par ailleurs préoccupé de l’obligation légale pour les "gens du voyage" de se munir d'un titre de circulation et s’inquiète du retard dans l’application de la « loi Besson » censée mettre des aires d’accueil à disposition de cette population.

Face à ces constats plutôt alarmants, le gouvernement a recours à la bonne vieille recette, parfaitement maîtrisée, qui veut que la meilleure défense soit l’attaque : "C'est très facile de donner des leçons (...) Nous n'avons pas non plus l'intention de prendre des leçons des pays qui ne font le dixième des efforts que nous avons accomplis" – Et toc !- a déclaré François Zimeray, ambassadeur de France pour les droits de l'Homme, en en profitant pour remettre à leur place les membres du comité issus de pays en développement. Autrement dit, « Circulez il y a rien à voir » !

YT

Télécharger les observations du CERD sur les discriminations en France

 

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