Cinéma : "La Vache". De quoi rions-nous ensemble ?

Image par "Pathé cinéma"
Le 02-03-2016
Par Olivier Barlet

Après « Né quelque part » en 2012, Mohamed Hamidi propose à nouveau avec Djamel Debbouze une comédie populaire maniant les clichés, mais cette fois dans l'environnement français : La Vache, en sortie le 17 février 2016 dans les salles françaises.

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"La vache" marche ! Une autre critique du film de Mohamed Hamidi par Erwan Ruty, pour Presse & Cité

« La vache » ! Après « La marche », presque feel-good movie historique réalisé par Nabil Ben Yadir en 2013, est sorti cette fois le fell-good movie champêtre (et franco-algérien), deuxième film de Mohamed Hamidi (co-fondateur du Bondy-blog et par ailleurs prof d’économie, et même musicien).
 

Le premier n’avait pas rencontré son public, le second semble mieux y parvenir 2 semaines après sa sortie. Et quel public ! Dans la salle comble d’un cinéma du périphérique Est-parisien, les papys et mamies blanches étaient majoritaires, complétés par les familles franco-maghrébines… soit un métissage plutôt rare, qui mérite à lui seul d’être noté et apprécié à sa juste valeur.

Enjeux comparables ?

Là (dans « La marche »), nous avions Mohamed (le Toumi de l’Histoire, la vraie, celle de la marche pour l’Egalité), qui décidait de traverser la France pour la sensibiliser au racisme anti-maghrébin. Ici, nous avons un dénommé Fatah, issu d’un bled paumé en Algérie, qui décide de monter à Paris, pour le salon de l’agriculture (qui visiblement n’a pas de frontières et fait des émules). Et donc pour son seul bon plaisir. L’enjeu est moindre, mais tel que montré par le film de Mohamed Hamidi, l’effet est aussi efficace (sur les Français montrés dans le long-métrage). Par contre, autant la (vraie) marche avait attiré environ 100 000 manifestants à son arrivée parisienne en 1983, autant les 100 000 français risquent plutôt de se retrouver cette fois… chez les spectateurs de « La vache ».

Le goût des choses simples

Quel rapport entre les deux films ? Le sujet et… le parcours. Le sujet d’abord, parce que ce voyage est l’occasion de filmer la rencontre improbable entre un paysan algérien anonyme et la France profonde. De manière angélique (c’est le principe du fell-good movie, dira-t-on), mais pourtant suffisamment bien amenée pour qu’on y croie un peu quand même : la bête (admirable, et qui mérite un oscar du meilleur second rôle ne serait-ce que pour sa robe) y est pour beaucoup, bien entendu. Tant on sait que même les voisins les plus acariâtres finissent pas fraterniser, si ils ont un chien à sortir en même temps sur le même trottoir. Alors, une vache, imaginez… La rencontre entre deux mondes est bien le propos de Mohamed Hamidi, et le fameux « vivre-ensemble », partout réclamé, est ici mis en film, furtivement car de manière passagère : notre paysan voyageur (réincarnation du Fernandel de « La vache et le prisonnier » mais en temps de paix), suscite par sa simplicité et son amour (pour sa vache) une sympathie communicative. Tout est là : retrouvons le goût des sentiments (positifs) primaires et des choses simples, et tout ira bien.

Se découvrir et découvrir les autres

Quant au parcours, il est homothétique de celui de « La Marche » (ce n’est pas un hasard) : Marseille-Paris. Et dans les deux cas, il est bien entendu l’occasion de découvrir la France (ici pour un algérien, là pour des enfants d’immigrés maghrébins). Et comme dans tous les voyages, l’occasion de se retrouver (voire de se découvrir) soi-même, autant que de retrouver/découvrir les autres. Plein de bonnes choses portées (en fanfare) par la trompette communicative de bonne humeur de Ibrahim Maalouf et les cuivres de ses potes d’Haïdouti Orkestar, en bande-son.

Debbouze fait du Debbouze (le lascar intenable, odieux mais qui a bon fond finalement), Lambert Wilson du Lambert Wilson (l’aristo déclassé au grand cœur), et Jacqueline (a.k.a Mercure, au champ) fait la vache. Tout le monde est content. Les enfants rient, les vieux pleurent, personne ne ressort plus bête (ni plus vache) qu’il n’est rentré… Que demander de plus, en temps de crise ?
 

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