Ballade enchantée en banlieue

Le 16-04-2010
Par xadmin

Made in Banlieues, Voyages inattendus aux portes de Paris est un ouvrage atypique paru le 1er avril aux éditions de La Martinière. Une sorte d’OVNI de l’édition à l’image de la soucoupe 70’s qui illustre sa couverture, issue de la collection d’un brocanteur romainvillois spécialiste du design. Son contenu le situe au croisement du livre d’art, du guide pratique et du magazine de décoration.
Le monde de la décoration et de l’art de vivre, le photographe Guillaume de Laubier et l’auteure, la journaliste Diane Cazelles, en sont d’ailleurs issus. « Venant de la presse de voyage et de déco, on a tendance à tout sublimer, à chercher à raconter de belles histoires, explique Diane Cazelles (…) On a bourlingué pendant neuf mois pour rencontrer tous ces gens et raconter leurs histoires ».
On pourrait reprocher au livre de quasiment évacuer l’aspect social en esquivant les ghettos qui parsèment la banlieue parisienne, ainsi que les innovantes cultures urbaines qu’ils génèrent, si on n’était pas agréablement surpris et dépaysés au fil des pages. Illustré par environ 400 photos de facture plutôt classique , le livre présente 80 lieux, ordonnés en 5 thématiques – banlieues des savoir faire, banlieues des cultures, banlieues stylées, banlieues artistes et banlieues gourmandes. Il est parsemé de portraits de personnes et de lieux insolites -un artiste SDF qui opère dans un terrain vague de Nanterre, une plasticienne-herboriste ivoirienne aux expériences thaïlandaises, une datcha russe en pleine forêt francilienne, un éleveur de champignons ou une pépinière chinoise…- qui côtoient des lieux plus institutionnels mais non dénués d’intérêt, comme le musée Fragonard à Maisons-Alfort et ses écorchés, le musée de l’air du Bourget ou encore la mosquée d’Evry.
« Il ne s’agit pas de nier les difficultés et les choses négatives en banlieue, mais il faut aussi parler des belles choses, précise Diane Cazelles. Il faut faire rêver les gens, les inviter à faire des choses intéressantes ». Dans le même sens, Manu Dibango -dont l’interview captée au détour d’un « zinc » du Val-de-Marne sert de préface à l’ouvrage- insiste sur « l’esprit province » de la banlieue parisienne opposé au côté dépersonnalisant de Paris. Pour lui « le problème racial représente 1% de la banlieue, on met le focus là-dessus parce qua ça devient politique »*. En effet bien que le phénomène de ghettoïsation soit une des questions politiques centrales de la société française, ne pas l’aborder dans un ouvrage sur la banlieue reste un choix respectable.

YT

*Tiré de l’interview audio de Manu Dibango sur le site de présentation du livre :
www.madeinbanlieues.com
 

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