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Le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel, autorité indépendante de régulation des médias, était depuis longtemps attendu sur les questions relatives à la diversité à l’antenne. Diverses études et déclarations de principe avaient été réalisées en son sein sans que soit mis en place un dispositif jugé concret par les commentateurs. C’est ce qu’ambitionne l’institution avec sa délibération du 10 novembre 2009 « tendant à favoriser la représentation de la diversité de la société française dans les programmes des chaînes nationales gratuites et de Canal+ ». Le dispositif phare mis en place par la délibération est un baromètre sur la perception de la diversité par le public.
Rachid Arhab, l’emblématique présentateur de la télévision publique, nommé au CSA en 2007, y dirige le groupe de travail sur les questions de diversité. « Il faut qu’on sorte des discours généreux sur la diversité pour passer aux actions précises. Avec l’instrument du baromètre de la diversité nous entrons dans une phase opérationnelle »
Le baromètre, dont une étude réalisée par l’Observatoire de la Diversité Audiovisuelle en 2008 représentait la version 0, consiste en une étude bi-annuelle, confiée à l’Ifop, qui indexe tous les programmes diffusés pendant une semaine. L’étude réalisée se penche sur quatre critères : l’origine perçue des personnes passant à l’antenne (blanche, noire, arabe, asiatique, autres), la représentation des catégories socioprofessionnelles, le genre et le handicap dans les différents genres audiovisuels (information, fiction, divertissement…). La délibération qui s’inscrit dans le cadre de la loi audiovisuelle de mars 2009 prévoit entre autres la remise du résultat (amélioration, régression) au Parlement. Les chaînes ne sont évidemment pas prévenues à l’avance de la période étudiée « sinon [elles] s’arrangeraient en recrutant quelques personnalités colorées pour l’occasion », semble estimer Rachid Arhab.
On pourrait se demander quels seraient les impacts qu’aurait la publication par une autorité indépendante d’un classement en fonction de la place que les chaînes accordent à la diversité. En fait, seuls les chiffres globaux de la diversité perçue seront diffusés. Le CSA se garde en effet une marge de manœuvre pour la négociation avec chaque chaîne et ne veut pas « que la diversité soit un concours de beauté avec des effets pervers à la clef » . De plus la comparaison pourrait être périlleuse, chaque chaîne ayant ses spécificités. « On ne peut pas demander la même chose à une chaîne comme Gulli qui fait du dessin animé et à une chaîne d’information ».
La particularité de la démarche consiste en une combinaison d’éléments quantitatifs et qualitatifs. « La prise en compte de l’aspect qualitatif est indispensable, explique Rachid Arhab, c’est un élément de pondération. On ne peut pas prendre en compte de la même manière un présentateur ou un héros de fiction et quelqu’un qui passe 30 secondes à l’antenne dans un reportage ou une série».
Enfin, la prise en compte de la couverture médiatique des « quartiers populaires » peut être approchée à travers les critères combinés de l’origine et des catégories socio-professionnelles. « Il ya une disproportion entre la représentation des CSP +++ (environ 80%) et leur poids dans la société (environ 15%) », explique Rachid Arhab. Reste à espérer que les résultats du baromètre puissent avoir un impact réel sur les décisions des chaînes.
Télécharger l’étude remise à l'Observatoire de la Diversité Audiovisuelle en novembre 2008