Le concept hybride du web-documentaire, et son mélange de différents supports sur le web (image, vidéo, écrit, son) se marie à merveille avec les pratiques médiatiques émergentes dans les quartiers. Le collectif de professionnels du cinéma Tribudom mène depuis 2002 un travail d’intervention artistique dans les quartiers populaires. A partir de 2011, il ajoute une corde à son arc en s’associant avec le Bondy blog pour créer une école autour de ce nouveau genre interactif.

« L’idée est née d’une rencontre avec les bloggeurs du Bondy Blog venus couvrir notre tournage d’une fiction à Villepinte, explique Mona Abdel Hadi, comédienne de formation et coordinatrice du collectif. En discutant de leur « Ecole du blog » est née l’idée de faire quelque chose entre le journalisme et le cinéma. Le webdocumentaire est pour l’instant pris en charge par les photographes, les journalistes et les documentaristes. Il est au carrefour de plein de métiers et ça nous intéresse de nous trouver à la frontière. » Quoi de mieux en effet que le web pour abolir les frontières entre les métiers de l’information et de l’audiovisuel mais aussi les frontières symboliques entre centre et périphérie.
 

17 jeunes des quartiers de 18 à 35 ans ont été recrutés via les réseaux des deux structures en région parisienne mais aussi à Lyon et à Marseille. Les jeunes des grandes villes de province pourront suivre et participer aux sessions à distance à travers internet. « On s’est rendu compte avec les annonces que ça intéresse énormément les aspirants journalistes et les jeunes documentaristes. Jusque là c’était surtout considéré comme une déclinaison du documentaire sur le support web, mais ce qui est intéressant c’est qu’on peut déstructurer en utilisant différents formats comme les images animées et fixes ».

Le projet d’école se veut avant tout un échange entre les professionnels et les jeunes : « On n’est pas une formation qualifiante ou diplômante mais le niveau est professionnel. C’est surtout un espace de rencontre intergénérationnelle, un laboratoire, entre les professionnels et les jeunes. Les jeunes de 18 à 25 ans sont d’ailleurs ceux qui utilisent le plus spontanément le web et réalisent des petits films avec un appareil photo. On veut qu’ils s’associent à nos projets en apportant leur touche, en partant de ce qu’ils ont envie de faire. »

Le projet, encore à ses débuts –une session réalisée pour l’instant -prendra la forme d’une plateforme interactive que les participants pourront alimenter à distance. Accueillie par la Gaîté Lyrique à Paris « nouveau lieu des arts numériques », soutenue par le CNC, la SCAM (Société Civile des Auteurs Multimedia) et Philips pour le matériel, l’école est toujours à la recherche de financements complémentaires. A suivre…

http://www.tribudom.net/

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Yannis Tsikalakis