Le projet Reporter-Citoyen à démarré depuis bientôt un an. Portée par la Télé-libre fondée sur le web par John-Paul Leperse et L’école des métiers de l’Information (EMI-CFD), l’initiative veut enraciner l’information dans le local tout en diversifiant le profil sociologique des journalistes.

L’originalité de la démarche réside dans le recrutement de jeunes au niveau bac dans des quartiers populaires de 3 villes des départements de la petite couronne parisienne Boulogne (92), Stains (93) et Créteil (94). Principalement financé par la Région et l’Acsé, la formation des aspirants journalistes est également soutenue par les mairies concernées dont on notera la coloration politique diversifiée (respectivement UMP, PC et PS).

L’apprentissage comporte une phase initiale de formation au journalisme multimedia (écrit, son photo, vidéo et web) par l’EMI, suivie d’une pratique de terrain dans les trois villes. « Dans Reporter citoyen il y a d’abord reporter, rappelle Phillipe Merlant, journaliste à la Vie et coordinateur du projet. On pousse les jeunes le plus possible à faire du reportage sur le terrain. Il y a aussi citoyen, c’est une formation sur l’information citoyenne. Il y a une véritable incitation à l’engament, à faire des papiers avec une dimension critique. Et ça leur convient, c’est même ce qu’ils recherchent ».

Loin d’être une simple adaptation aux aspirations des jeunes, cette approche s’inscrit dans la logique militante et citoyenne des formateurs « On ne pose pas assez la question « A quoi sert le journalisme pour le bon fonctionnement de la démocratie » constate le journaliste co-auteur avec Luc Chatel –le journaliste pas le ministre- de Médias : la faillite d’un contre pouvoir. On ne le fait pas simplement pour [ces jeunes]. On est avant tout des journalistes et on constate que c’est un métier réservé aux classes moyennes supérieures, plus du tout ouvert aux classes populaires. Ce projet est une excellente chose pour renouveler l’approche du métier ».

Cette formation étalée sur deux ans et demi, configurée pour que les jeunes exercent une autre activité en parallèle, suffira-t-elle pour autant à leur donner accès à la profession ? « Il y a trois cas de figure, explique Philippe Merlant : des gens qui ont vraiment l’envie et les compétences pour faire du journalisme. Pour eux ce ne sera pas suffisant. Ils ont mis un premier pied à l’étrier mais il leur faudra davantage de stages et de formations. Il y a aussi ceux pour qui cette formation multimedia de base constitue un profil recherché par des associations, les collectivités et certaines entreprises qui cherchent des webmasters éditoriaux. Enfin il y a ceux pour qui ça représentera une expérience citoyenne avec en plus l’acquisition de techniques de communication. »

En plus des reportages réalisés par les jeunes des trois villes, des documentaires retraçant l’aventure seront publiés sur le site de Reporter Citoyen.

http://reportercitoyen.fr

Médias, la faillite d'un contre-pouvoir, par Philippe Merlant et Luc Chatel
éd. Fayard, 2009, 328 p