P&C avait placé la barre assez haut en intitulant cette formation « Première université de la communication et des banlieues » ! Pari tenu à en croire les participants, mais sillon à approfondir surtout pour parvenir à sortir vraiment du ghetto dans lequel les journalistes tiennent les quartiers.

Ces deux jours studieux, d'écoute attentive et de débats appliqués (plus de trois heures sans pause pour l'atelier « médiatraining » !), ont drainé chacun plus d'une trentaine d'associatifs des quartiers populaires qui avaient décidé de revenir sur les bancs de l'école. Pour une structure jeune d'à peine trois ans, mais nourrie de près de quinze ans d'expérience dans les médias et associations de quartier, cette formation était la mise en pratique de ses objectifs :

-relier les médias, les acteurs et les associations de quartier

-offrir une plate-forme (Internet) ressource qui aide les médias et associations de quartiers à se faire entendre des décideurs

-agir concrètement pour illustrer les bonnes pratiques listées dans le guide du même nom, édité par Presse & Cité en 2007.

Auto-formation et empowerment

Cette Université a ainsi permis de relayer son action auprès de structures de la région parisienne, de Nantes, de Lyon, de Rouen, ou de Marseille. Dans une logique d'auto-formation, « d'empowerment » et d'éducation populaire, le programme (quatre ateliers de près de trois heures chaque) a permis de sensibiliser et donner une première approche à la fois théorique et pratique des techniques de communication les plus adaptées à des associations de quartier. D'autant plus que, fait rare, les formateurs étaient pour la plupart des alter-ego des participants, qui avaient réussi, par leur action, à capter la lumière des médias. Leur parcours et leur expérience pouvaient surtout sembler accessible aux participants, grâce au profil des premiers, que l'on ne trouve que trop rarement dans les autres lieux de formation, éloignés des réalités du terrain de la France d'en bas des tours !

Besoin de concret

Un vécu souvent proche, un même langage, oscillant entre expériences personnelles concrètes, embardées théoriques et exercices pratiques. Si bien que le temps alloué à cette formation a semblé trop court, certains suggérant de la réaliser aussi sur un week-end, ce qui permettrait par ailleurs à plus de provinciaux d'y participer. Il apparaît encore que, quoique le temps de formation ait été jugé équitablement réparti entre les intervenants et les participants, ces derniers sont surtout demandeurs de participation, et de nombreux exercices pratiques. Voire même que cette formation soit l'occasion de mener à bien un projet, ou un sujet concret (en particulier en matière de vidéo, comme cela a été le cas lors de cette session avec un exercice pratique mené avec Daniel Bouy, journaliste à France télévisions et Jil Servant, de Palaviré productions) ! Le tout afin de rendre la formation immédiatement opérationnelle, en quelque sorte ! Mise en réseau et présence d'élus sont ensuite des besoins qui se sont fait sentir par certains. Alors que telle était justement le but de cette formation : leur permettre de mieux toucher ces élus et mieux activer leurs réseaux. La demande est donc réelle.Reste que la diversité d'expériences de l'ensemble des personnes réunies à l'occasion de ce premier événement a été unanimement saluée.

L'année prochaine, cette Université pourrait être amenée à se tenir, comme cela avait été évoqué, dans le droit fil des Assises Internationales du Journalisme.

Erwan Ruty