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« Mohamed Machin » balance sur la télé publique

Quel est le plus grand handicap pour un journaliste de la télévision publique ? Avoir un nom à consonance maghrébine ou manquer de réseaux et de soutiens. « Les deux mon général » pourrait-on répondre en lisant Pourquoi pas moi ? Histoire de Mohamed Machin, journaliste à la télévision française.
Son auteur, Nordine Mohamedi est lui frappé de la double peine en la matière. Après des débuts d’autodidacte et une expérience réussie de 6 ans au service des sports de Canal+, Il s’est retrouvé à faire le bouche trou pendant des années sur les antennes régionales de France 3. Malgré sa saisine de la HALDE pour discrimination, le groupe France Télévisions a décidé d’ignorer l’affaire comme pour mieux l’étouffer juge le plaignant. Il continue de faire appel à lui, toujours de manière précaire.
Le journaliste, dont le physique ne trahit pas particulièrement ses origines, a toujours refusé de « franciser son nom » malgré des encouragements dans ce sens au début de sa carrière. Son récit, qui parle du parcours de « Mohamed Machin », surnom qu’on lui a attribué dans une des rédactions de France 3, relate une succession d’anecdotes révélant le népotisme, mais aussi le racisme latent aux relents paternalistes dans un milieu où on ne l’attend pas forcément. Il fait écho au témoignage du journaliste du Monde Mustapha Kessous qui relatait quelques mois plus tôt dans les pages du quotidien du soir sa propre expérience du racisme dans l’exercice de son métier.
L’auteur raconte avec humilité, sincérité et une justesse certaine, la délicatesse d’une position où il ne peut se permettre le moindre faux pas mais ne doit pas non plus en « montrer trop » dans des rédactions « pas prêtes pour ce type de journaliste ».
On peu penser que l’engouement pour la diversité de ses dernières années ait quelque peu changé la donne pour les plus jeunes générations. Faudrait-il encore que des journalistes d’origines ethniques et sociales diverses soient suffisamment nombreux à sortir des écoles de journalisme. Dans tous les cas ce témoignage rend bien l’ambiance « panier de crabes » et la précarité systématisée que l’on peut trouver dans les rédactions hyperconcurrentielles du service public.
Yannis Tsikalakis