ZUS qu’ici, tout va bien ?

Les zones urbaines sensibles, plus souvent appelées « quartiers en difficulté », ont été créées en 1996 pour « réduire le fossé entre la République et ses territoires les plus délaissés ». Quinze ans après leur création, ces habitants se sentent moins bien intégrés que le reste de la population. C’est ce qu’indique le 8ème rapport annuel de l’Observatoire des national des zones urbaines sensibles (Onzus) remis cette semaine à Maurice Leroy, ministre de la ville.


De nombreux médias se sont fait l’écho des résultats de ce rapport avec angle commun, assez classique, appuyé sur l’apport nouveau d’une étude sur l’origine « ethnique » des français réalisée par l’INED : les immigrés, notamment maghrébins, sont les plus nombreux à vivre en Zus. Ainsi plus de la moitié des 4,5 millions de personnes vivant dans les 751 zones urbaines sensibles (ZUS) sont issues de l’immigration (52,6%), avec un chiffre qui grimpe à 64% dans les Zus de la région parisienne.
 

Des chiffrés isolés d’une étude qui avait pour objectif premier, rappelons-le de mesurer l’évolution des écarts entre les Zus et le reste des agglomérations.
Des écarts qui restent flagrants cette année encore, en matière de chômage, d'activité professionnelle, de réussite scolaire malgré les nombreux dispositifs mis en place.
 

Un taux de chômage plus élevé, mais pas de ghettoïsation
Pas de surprise : dans les Zus, le chômage est plus élevé qu’ailleurs. Mais plus faible chez les immigrés (19,2%) que chez les descendants d'immigrés (28,6%)…. Alors qu’en dehors de la Zus, le taux de chômage des primo-arrivants et des personnes de la « seconde génération » ne s’élève respectivement plus qu’à 9,5 % et 10,6 %. Contrairement à une idée répandue, seulement 3% des habitants des quartiers disent avoir été discriminés à l'embauche en raison de leur lieu de résidence.

« L'observation, année après année, de ces indicateurs peut donner le sentiment que les efforts accomplis font peu bouger les choses », indique Bernadette Malgorn, présidente du conseil d'orientation de l'Onzus. « A cet égard, il convient de noter que l'observation des territoires ne coïncide pas avec celle de leurs résidents, bénéficiaires de l'action publique. En effet, plus d'un ménage sur trois résidant en Zus n'y habitait pas cinq ans auparavant. La mobilité résidentielle dans ces quartiers est donc du même ordre de grandeur que dans les autres quartiers des mêmes agglomérations, et nous ne pouvons pas mesurer correctement l'impact des politiques publiques si nous ne prenons pas en compte cette réalité de la mobilité résidentielle ». S’il y bien pauvreté, voire appauvrissement, la ghettoïsation décriée par beaucoup ne serait donc que relative : voilà une analyse qui devrait interpeller bon nombre de spécialistes de ces quartiers…

Certains indicateurs sont encourageants
Notamment en matière de sécurité ou d’éducation. Le taux de délinquance a diminué de 16 % en Zus entre 2005 et 2010. Les atteintes aux biens restent inférieures de 10% au reste de leur circonscription. En revanche, les atteintes aux personnes y sont supérieures de près de 6%. L’éducation n’est pas en reste, le taux de réussite au brevet national des collèges en Zus (74,1 %) se rapproche du niveau national (85,1 %). L'écart s'établit ainsi à 11 points en 2009-2010 contre 12,6 points en 2004-2005.
La dénomination de « zone urbaine sensible » recouvre cependant des situations diverses, inscrites dans des contextes régionaux particuliers : les situations socio-économiques ne sont pas les mêmes en région Rhône Alpes ou parisienne…
« Depuis cet été, l'Observatoire national des zones urbaines sensibles s'est renforcé, en se dotant d'un Conseil scientifique, qui l'appuiera dans sa nouvelle mission d'évaluation. Ainsi étoffé, l'Onzus pourra prendre toute sa place dans la réflexion à mener sur le devenir de la politique de la ville », conclut Bernadette Malgorn.

Nadia Hathroubi-Safsaf

 

Lire le rapport de l'ONZUS
 

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