Qui a dit qu’on ne s’intéresse pas à la politique dans les quartiers ? En tout cas pas le FSQP (Forum Social des Quartiers Populaires) qui en est à sa quatrième édition en région parisienne. Le rendez-vous est donné les 11 et 12 novembre à l’université Paris VIII à Saint-Denis.

Les organisateurs ont tenu à placer l’événement dans la continuité de plus de trente ans de luttes politiques dans les quartiers. Parmi les thèmes abordés l’histoire politique spécifiques auxquartiers, souvent méconnue, les limites de la politique de la ville et surtout un grand débat avec les différents collectifs des quartiers et/ou issus de l’immigration (MIB, AC le Feu, Motivé-e-s, PIR…). Objectif ? Dépasser les querelles de chapelles en trouvant des convergences.

Une alternative à la gestion clientéliste des quartiers
Khalid Elhout, président de l’association Montpelliéraine « Justice pour le Petit Bard » et membre du FSQP, sera de la partie. Il a participé à l’organisation d’un deuxième FSQP local dans sa ville au mois d’octobre dernier. « Le premier FSQP organisé à Montpellier en 2009 portait principalement sur le Petit Bard une copropriété marquée par une gestion calamiteuse. L’idée de Justice pour le Petit Bard était de se mobiliser pour suivre la gestion du Plan de Rénovation Urbaine qui avait pris énormément de retard pour des raisons techniques et des raisons de guéguerre interne du PS local».Ce qui n’était au départ qu’une mobilisation très locale va progressivement tendre à la création d’un mouvement politique à l’échelle de la ville : « L’objet du dernier forum était de voir comment être une alternative à Montpellier dans la gestion des quartiers. Le clientélisme, surtout dans la gestion des quartiers, est plus violent qu’ailleurs à Montpellier. C’est devenu une façon de penser. A des moments on a privilégié le dialogue mais à d’autres moments il fallait passer par le rapport de force. On a fait des manifestations, on a occupé des lieux publics et privés, on est intervenu dans l’étape du Tour de France qui passait dans le quartier, on a même interrompu un festival. On a obtenu quelques relogements, quelques petites victoires. »

De la mobilisation locale à l’engagement politique
Ce qui est dans un premier temps une lutte locale, va se transformer progressivement en prise de conscience, puis en mouvement politique s’inscrivant dans le FSQP, à défaut d’avoir trouvé sa place dans les partis de gauche traditionnels. « Un des objectifs est de rassembler des gens pour se poser en contre-pouvoir, précise Khalid Elhout. Il n’y a pas besoin d’être élu pour peser sur la politique locale. Il y a une hypocrisie autour de la concertation et de la démocratie de proximité, qui ne sont que des réunions chapeautés par les villes, où on ne fait que discuter. Nous on veut placer les habitants dans les organes décisionnels. » Pour ce militant, les partis de gauche et d’extrême gauche ne sont pas à même de porter les combats des quartiers. « On a l’impression que nos priorités ne sont pas les leurs. Ils ne surgissent sur place qu’à l’approche qu’à l’approche des échéances électorales. Il y a un ras-le-bol de ces appels du pied en période pré-électorale. Bien sûr il se posera la question des alliances, mais uniquement sur des bases claires et dans un rapport d’égal à égal. On ne veut pas non plus de la personnalisation reprise également par les partis politiques d’extrême- gauche : on prend un Mohammed ou un Ibrahim qui sert de caution pour les quartiers populaires. Nous on veut faire remonter les revendications, collectivement, du bas de l’échelle. »

Un « rêve » d’unité ?
Les membres du FSQP et de son réseau placent beaucoup d’attentes dans l’événement des 11 et 12 novembre qui se place sous le signe du rassemblement. « A Paris, il y aura un débat très important le samedi avec les acteurs d’autres réseaux liés à l’immigration et aux quartiers. Une discussion qui va être intéressante pour dépasser les logiques de réseau et créer un mouvement politique qui va être revendicatif sur les problèmes des quartiers » Un mirage unitaire de plus, à l’image de ceux qui fleurissent à gauche ? Réponses sur place et dans les semaines qui suivront le Forum.

Yannis Tsikalakis

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