Comité permanent de la diversité de France Télévisions

En cette période suivant la nomination de Rémy Pfimlin à la tête de France Télévisions, retour sur une des mesures phares de la présidence de Carolis en matière de diversité : Le Comité permanent de la diversité de France Télévisions. Crée en juin 2009, Il a pris le relais du Plan d’Action Positive pour l’Intégration lancé début 2004. Les «quelques avancées concrètes » qu’avait apporté ce dernier, des propres aveux du Président Patrick de Carolis, « n’ont pas inscrit la lutte contre la discrimination et la promotion de la diversité au coeur des politiques de management et de gestion des ressources humaines du groupe. »

La création de la nouvelle instance intervient peu après la Loi du 5 mars 2009 qui introduit l’obligation, pour le service public audiovisuel, de mener une politique de développement des ressources humaines visant à lutter contre les discriminations et de mieux refléter dans sa programmation la diversité de la société française.

A la tête du nouveau Comité, l’ancien PDG de France télévisions Hervé Bourges, avait dès 1999, à la tête du CSA, lancé une réflexion sur la représentation de la diversité de la société française dans les médias. Les autres membres du Comité sont des professionnels de l’audiovisuel public et des personnalités de la société civile comme l’écrivain Tahar ben Jelloun, la présidente de Ni Putes Ni Soumises Sihem Habchi ou encore le président de SOS Racisme Dominique Sopo.

Le premier rapport de ce comité permanent, publié en Avril 2010, ne se limite pas à l’auto-congratulation, typique des rapports internes dont les rédacteurs sont juges et partie. Des insuffisances sont constatés pour chacun des trois grands axes classiques du traitement de la diversité dans les médias : les structures (et donc les Ressources Humaines), l’antenne (et donc l’affichage de la diversité) et le contenu (le traitement éditorial de la diversité). On apprend ainsi qu’il y aurait une « possible discrimination systémique » dans les processus RH, une vingtaine de cas allégués de discriminations pas tranchées par la DRH et un « déni propre au groupe » de la part de managers qui considèrent qu’il y aurait des discriminés sans qu’il y ait discrimination. Un déni de responsabilité que l’on peut également retrouver dans les mots du président du groupe Patrick de Carolis à l’occasion de la remise du rapport : « Il ne faut pas confondre le miroir et le reflet : ce n’est pas France Télévisions qui est responsable du manque de diversité des élites françaises ».

Parmi les préconisations du rapport on retrouve notamment l’objectivation des processus de RH, la mise en place d’indicateurs de suivi de la diversité dans l’entreprise et à l’antenne, l’animation d’un réseau de promotion de la diversité dans l’audiovisuel et, soufflé par P&C, le dépassement de la simple question de « la diversité des visages » au profit de « la diversité des messages ».

On peut regretter, comme dans de nombreux travaux sur la question une certaine superficialité et une essentialisation de la diversité avec des expressions vides de sens comme « des intervenants issus de la diversité sociale et ethnoculturelle ».

Espérons que sous la présidence Pfimlin les dispositifs mis en place dans le cadre du comité seront renforcés et ses préconisations suivies des faits.

Télécharger le rapport 2010 du Comité permanent de la diversité

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