Radio France, dispositifs pour la diversité

Jean-luc Aplogan est le « Monsieur Diversité » de Radio France. Ce journaliste d’origine béninoise a notamment été correspondant international de RFI pour qui il a couvert le Bénin, le Nigeria, le Togo et le Ghana. Il est nommé délégué à la diversité culturelle et à l’intégration du groupe Radio France, en septembre 2004, au début de la présidence de Jean-Paul Cluzel. Le nouveau président, Jean Luc Hess est passé devant la Commission « médias et diversité » avec l’ambition affichée de « faire encore mieux ». En effet, dans le rapport 2008 du Club Averroès sur la diversité dans les médias, Radio France est mentionné comme le seul groupe radiophonique «à avoir œuvré de manière structurante » sur la question de la représentation de la diversité française. Retour avec l’intéressé sur les 5 années d’exercice de sa fonction.

Quelles possibilités d’intervention vous donne votre fonction ?
Rattaché au Président Directeur Général, je suis chargé de réfléchir et de proposer. Dans cette démarche je travaille en étroite collaboration avec la direction de ressources humaines, les directeurs de chaînes et la formation professionnelle. Radio France joue collectif sur le sujet.

Les étapes de l’action en faveur de la diversité à Radio France

-Nomination d’un chargé à la Diversité, en septembre 2004
-Inscription de la fonction dans l’organigramme
-Radio France signe la charte de la diversité dans l’entreprise le 9 novembre 2004
-Le 25 mars 2005, Radio France se dote d’un plan stratégique avec les objectifs suivants :
-Sensibiliser l’ensemble du personnel
-Créer un programme de formation ciblée
-Conclure des accords avec les partenaires sociaux sur la promotion de l’égalité, le handicap, la gestion de la diversité
-Adopter de nouveaux outils et de nouvelles procédures
-Refléter la diversité de la société française dans les effectifs et les contenus
-Rendre compte des résultats de cet engagement

Est-ce qu’au travers des notions d’Intégration et de Diversité votre action englobe la diversité sociale ou uniquement ethnoculturelle ? Qu’en est-il plus précisément de la question de la couverture médiatique des quartiers populaires ?
Le problème d'accès au métier est un problème de moyens, entendez moyens économiques, même s'il y a un blocage psychologique de la part de certains jeunes qui s'autoexcluent, pensant que ce métier n'est pas fait pour eux.
Sur la question du traitement, outre la sensibilisation introduite à travers la formation professionnelle, la Direction générale déléguée aux Antennes rappelle régulièrement que ce sujet doit être une préoccupation constante, dans le cadre d’un traitement le plus complet possible de l’actualité. .
La diversité fait également son apparition au travers d’opérations spéciales, magazines, portraits et invités. Certaines antennes décentralisent leur matinale en banlieue. Stéphane Paoli a déjà présenté sa matinale à Mantes la Jolie dans les studios de Radio Droit de Cité. Le 19 janvier 2009, les 7 chaînes du groupe ont décliné le thème de la diversité en chanson, en débats, en invités et en sujets traités. Acteurs associatifs, leaders d’opinions et pouvoirs publics ont pris la parole sur les antennes pour répondre aux journalistes et aux auditeurs. A cette occasion Radio France s'est doté d'un carnet d'adresses, un outil qui permet de varier les invités et de diversifier notre réseau d'experts. Autre outil, la rédaction d'un "Micro Guide" sur les mots qui discriminent, mis à la disposition des rédactions. En décembre 2009, par exemple, Nicolas Poincaré a posé ses micros à Sevran. D’autre part des rendez-vous spécifiques existent sur les antennes, comme, par exemple, l’émission « Périphéries » d’Edouard Zambeaux sur France Inter.

Quel est l’apport sur ces questions des reporters en régions mis en place par Radio-France ?
Nos RER, reporters en résidence y sont affectés comme des envoyés spéciaux permanents. Ils y vivent et relaient sur les antennes cette actualité qui n'arrive jamais sur les téléscripteurs... France Bleu a ouvert en Ile de France, de nouveaux bureaux à Evry, Melun et Argenteuil en plus des bureaux existants.

Un certain nombre de contrats d’apprentissage avait été mis en place pour favoriser la diversité. Quel en est le bilan ?
Il s’agit d’une voie d’accès particulièrement adaptée qui répond à l’objectif de diversification des profils à l’antenne et derrière l’antenne. Sur ce dispositif, Radio France travaille avec cinq écoles de journalisme (l’Institut Pratique de Journalisme (IPJ), l’Ecole Supérieur de Journalisme (ESJ), le Centre de Formation et de Perfectionnement des Journalistes (CFPJ) et Sciences Po).
L’Institut National de l’Audiovisuel est notre partenaire pour la formation au métier du SON.
Depuis 2005, Radio France offre la possibilité à des jeunes âgés de moins de 26 ans de se former au métier de journaliste avec un diplôme visé par le ministère de l'Education Nationale, de l'Enseignement supérieur et la Recherche.
La DRH a renforcé le suivi et l’accompagnement des jeunes apprentis. Catherine CHARVET ex rédactrice en chef de la station régionale de Grenoble s’occupe exclusivement des jeunes. 3 points d’étape et d’évaluation sont organisés pendant la formation. A la fin de la formation ceux qu’on estime opérationnels passent les tests d’entrée au planning.

Bilan des contrats d’apprentissage destinés à favoriser la diversité
Journalistes
De Mai 2005 à Octobre 2009, Radio France a signé 3 4 contrats au profit de 3 4 jeunes.
20 diplômés au 30 septembre 2009.
8 inscrits au planning
BTS audiovisuel option Son (Technicien)
Depuis 2006, Radio France a signé 13 contrats au profit de 13 jeunes.
6 sont diplômés.
1 CDI
 

Quels ont été les impacts de l’opération « duos pour la diversité » menée il y a quelque temps avec des médias de la diversité ? Il y a-t-il eu des suites ?
Cette opération organisée avec l'Institut Panos a été appréciée par tous nos reporters qui y ont participé. L'échange des pratiques s'est fait dans une démarche complémentaire avec la plus grande humilité. Pour nous il n'y a pas de petits médias. Les médias dits de "la diversité" nous ont apporté une expertise très utile. L'opération n'a pas été renouvelée depuis, mais ce qui est utile et bénéfique ne peut que se poursuivre.

Votre expérience précédente de journaliste pour RFI en Afrique ne donne-t-elle pas sur les questions de diversité une sensibilité différente de celle des personnes issues de l’immigration qui n’ont vécu qu’en France ?
Je ne sais pas si c'est un atout ou un handicap. Un médecin établit en Afrique ou en France a les mêmes réflexes face à la maladie pour poser son diagnostic et prescrire le traitement. Je le redis, c'est un travail collectif, c'est toute l'entreprise, l'encadrement en particulier qui est mobilisé sur le sujet.

Quelle est la spécificité du format radio sur une question ou en parle souvent de « visibilité » ?
Il est plus facile d'afficher la diversité à la télévision par rapport à la radio. A la radio la diversité doit s'entendre, à travers les signatures et les sujets.
 

 

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