Entre détermination et timidité, animé par les débats et les questions de transmission, Sofiane Zekri a cofondé le média, Skyzo. Le Villejuifois aspire à accompagner les jeunes dans la construction de leur esprit critique sur des questions de sport, de culture ou de société, en confrontant toujours au moins deux regards.

Après un échange où les heures ont défilé aussi vite que les sujets, Sofiane Zekri revient sur la genèse de Skyzo, média en ligne - en partie sur YouTube-, qu’il a cofondé. En 2015, il interviewe le Youtubeur Daniil le Russe. « C'était la première fois que je filmais, j'avais encore un caméscope ! ». Ton décontracté tout en cherchant l’information, Sofiane et son collègue William Pereira – devenu entre-temps journaliste chez 20minutes – ont déjà des réflexes de professionnels. Au fil des expériences ils bâtissent le nom du média et leur ligne éditoriale : des personnages inattendus ou peu visibles dans les médias traditionnels, provoquer les débats, proposer un format décalé : « Je conçois le journalisme comme une manière de vivre sa citoyenneté, de changer les rapports de force dans la société en offrant une vision de la société à 360° ». Avec une préoccupation forte pour les angles morts médiatiques. Son exemple phare est l'interview de Jacques Cheminade, candidat à la présidentielle de 2017 : « A part lui demander pourquoi il veut aller sur Mars, que sait-on de lui ? Rien. [...]On veut sortir des clichés. C'est ça, le côté “schizo”. » Au-delà, sans céder au clinquant du namedropping, Sofiane préfère chercher des acteurs de la société rarement entendus. Il ne se ferme aucune porte, à l'image de ses multiples centres d'intérêts : « Je peux écouter du rap hardcore tout en m'intéressant à la géopolitique du Cambodge. » Des hobbies pas contradictoires en soi, mais qui résonnent comme la preuve d'une jeunesse capable de s'intéresser à tout.

On boxe avec les mots pour bouger les lignes

Commencer Skyzo à l'échelle locale, dans le Val de Marne et le 13ème arrondissement de Paris, c’est une évidence, depuis le départ, pour Sofiane et les membres fondateurs, Malik Boudraa, Julien Hippolyte, Myriam Bennezzar, Mehdi Bouhadjeb et Akim Setbon.  « Le vivier, les futurs talents sont partout ! » s'enthousiasme-t-il.  Mais il refuse pour autant de qualifier son média comme celui de la « banlieue » ou de la « diversité », terme qu'il déteste car derrière l’idée de rassembler, il “catégorise” en réalité. Ces catégorisations et stigmatisations il peut en parler pendant des heures, en donnait des exemples de son enfance et adolescence. Les médias endossent un rôle crucial selon lui dans la construction des représentations, et Skyzo est aussi un désir de faire son part pour une meilleure représentativité de tous et toutes. Son engagement dans l’association Ghett'up, dont le leitmotiv est « nos quartiers, nos histoires », « la banlieue influence Paname,  va aussi dans ce sens.  Loin de toute approche militante, Sofiane tient à présenter dans son média des acteurs donnant vie à la banlieue mais pas que : « On boxe avec les mots pour bouger les lignes, pour pointer du doigt certains sujets. En ligne de mire, les aspirations des jeunes. Skyzo s’adresse aux 15-35 ans par différents formats vidéo ; de l’écoute de sorties d’album aux questions de société. Skyzo ne se bride jamais. Quitte à aller contre l'opinion publique. « Maes, on a osé critiquer son album en première écoute, et des commentaires nous ont incendiés sans être constructifs ». Comme à son habitude, Sofiane en tire du positif : « Le côté sincère et pédagogue de notre démarche se verra un jour. Le public est en recherche de qualité. C’est comme cela que Skyzo pourra se faire une place. » 

Exemple de première écoute https://www.youtube.com/watch?v=R_rcHcipWIU
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